Comment répondre à vos amis et parents collapso-sceptiques, sans les faire pleurer devant tout le monde.
Tout collapso est amené à débattre avec un sceptique ou un rassuriste (c’est kif kif).
Le souci est que ces personnes ne sont pas tout à fait rationnelles.
- la plupart sont dans le déni (la phase 1 de la courbe du deuil),
- elles utilisent leur croyance dans « le génie humain » comme un talisman ou grigri psychologique, une pensée magique,
- elles multiplient les « arguments massue » et les « pensées bouclier », plutôt que d’affronter les faits des scientifiques.
Pas facile de débattre avec un croyant-anxieux !
Pas facile de construire un débat apaisé, quand vos mots mettent mal à l’aise, parce qu’il renvoie les gens à la finitude du monde, et donc à leur propre mort.
Pour en savoir plus, vous pouvez lire et écouter cette interview : « La collapsologie a fissuré notre vision du monde », entretien avec Pierre-Eric Sutter
Pour relever ce défi, votre meilleure arme sera la science et la logique.
Voici donc quelques idées clés pour vous aider à vous en sortir, sans toutefois plomber l’ambiance de la soirée !
J’ai organisé cet article comme une FAQ.
[toc]1-L’épicurien fataliste : « c’est trop tard, on va tous crever, alors autant en profiter ! «
Réponse : Oui, il est trop tard pour sauver notre mode de vie ultra-consumériste et hyper-confortable.
MAIS il n’est pas trop tard pour sauver ce qui peut encore l’être en changeant de mode de vie et en limitant le réchauffement.
Lire : La décroissance expliquée à ceux qui font semblant de pas comprendre !
2-Le machiavélien : « personne ne sera jamais élu avec ce genre de programme !«
Réponse : Ça personne ne le sait ! Qui croyait, en 1788, que la monarchie allait tomber ? Qui croyait, en 1974, que François Mitterrand serait élu 7 ans plus tard ? Qui croyait en 2000 qu’un Président noir dirigerait un jour l’Amérique et que Donald Trump lui succéderait ? La démocratie est imprévisible !
3-Le whataboutiste : « tant que les chinois continueront à polluer, nos petits efforts de Français se serviront à rien !«
Réponse : si les chinois polluent, c’est pour produire et exporter les machins que les Français achètent ! C’est notre mode de consommation qui crée la pollution chinoise.
4-Le techno-solutionniste : « la technologie / le génie humain va nous sauver !«
Réponse : il n’existe pas de technologie miracle qui nous sauvera tous. Aucune technologie humaine ne peut réparer les dégâts déjà causés aux océans, au système Terre, aux sols, au climat…
Le plupart des révolutions techniques de « croissance verte » proposées par les industriels sont irréalistes ou inefficaces.
Lire : Tour anti-pollution de Delhi : cas typique d’arnaque techno-solutionniste
Punchline : Où sont ceux qui ont continué à fumer ou à boire en pariant qu’un médicament miracle contre le cancer ou la cirrhose serait découvert ? Au cimetière. (Oui, je sais, elle est un peu violente celle-ci).
Ceux qui croient que « la voiture électrique ne pollue pas » n’ont jamais vu comment on fabrique une voiture électrique et ne savent pas que l’électricité vient majoritairement de centrales à charbon.
Lire : « L’énergie grise », voilà l’ennemi !
Par contre, là où les industriels excellent, c’est dans le greenwashing, le lobbying et la publicité trompeuse.
Lire : Réchauffement climatique, Total savait ! Va-t-il payer ?
5-Le boomer moderne : « donc tu veux le retour à l’âge de pierre, espèce de hippie !«
Réponse : Ce type d’argument est souvent avancé par les promoteurs de la croissance verte.
Petit souci : la croissance verte est un leurre (lire ici), ce n’est pas une vraie transition écologique, ce n’est qu’une révolution technologique peinte en vert, pour permettre à certaines industries (énergies fossiles, BTP) de se reconvertir, aux frais du contribuable.
6-Le néo-stackanoviste : « la décroissance va ruiner les classes populaires !«
Variante de cet argument : « L’écologie, c’est pour les riches !«
C’est vrai qu’Amazon va supprimer des emplois de livreurs à vélo.
MAIS, comme l’expliquent tous les penseurs de la décroissance (comme Timothée Parrique), ce changement de système économique va conduire à la renaissance de nombreux jobs « oubliés », notamment dans l’agriculture.
Lire : La décroissance expliquée à ceux qui font semblant de pas comprendre !
Lire : Quels seront les métiers du monde d’après ?
Là, votre interlocuteur va faire la grimace : « ouais, des jobs pénibles que personne ne voudra faire« .
Il n’a pas tort. Sauf que… livreur à vélo, c’est aussi un job pénible que personne ne fait par plaisir !
Ensuite, vous pouvez lui expliquer que les taxes ne sont pas le seul moyen de réduire notre consommation d’énergie. On a bien surtaxé les véhicules polluants. On peut, aussi, limiter le nombre de km que chacun peut parcourir en avion comme l’on proposé Delphine Batho et François Ruffin (une mesure qui concerne les plus riches).
Enfin, vous pouvez avancer le principe du « fin du monde, fin du mois, même combat ».
Expliquez-lui notamment que le changement climatique va réduire les rendements agricoles et faire exploser le prix de l’alimentation « pour tous » (et donc surtout pour les plus pauvres).
À lire : Le prix des coquillettes devrait grimper de 400% d’ici 2030
Le coût des conséquences du réchauffement sera beaucoup plus important que celui des mesures nécessaires pour stabiliser le climat.
À lire : Effondrement économique, gros stress chez les banquiers
À lire : Un rapport confidentiel de la Deutsche Bank révèle comment les ultra-riches se préparent au collapse
Mini-speech de conclusion
« Les gouvernants ne parlent pas de transition écologique. Mais d’une révolution industrielle qui relancerait une croissance destructrice du vivant.
La seule transition écologique, c’est la sobriété. C’est la réduction de la consommation d’énergie de 40 %.
Cela ne veut pas dire que nous allons revenir au moyen âge. Une grande partie de ces 40 % correspond à du gaspillage. On peut donc commencer par lutter contre ce gaspillage sans perdre en confort :
- moins d’éclairage public,
- limiter le droits à voyager en avion pour le tourisme (ce qui va pénaliser les plus riches),
- éduquer aux économies d’énergie, aux bienfaits d’une alimentation moins carnée,
- réduire l’utilisation des appareils gourmands en énergie (vieux radiateurs électriques, bouilloire électrique, sèche linge…),
- prohiber le chauffage électrique dans les nouvelles constructions,
- limiter la climatisation aux espaces recevant du public ou aux personnes fragiles,
- améliorer l’isolation des logements en faisant payer les propriétaires-bailleurs (grâce aux budgets pharaoniques destinés à la construction des EPR).
Je vous recommande aussi mes 10 arguments imbattables contre le nucléaire.