“Salut c’est Alexis, j’ai 21 ans et j’habite dans une caravane…”

passion tiny house

Comme Alexis Ousso, de plus en plus de jeunes Français décident de vivre hors-système. Mais ce mode de vie est-il vraiment durable et résilient ? On a posé la question à Alexis.

Au hasard d’échanges sur les groupes collapso, je suis tombé sur Alexis : un gars de 20 ans qui a décidé de vivre off the grid, sans argent ni domicile fixe. Passionné de collapsologie, il a accepté de nous livrer son témoignage.

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Dans les années 2010, les Diogène post-modernes qui vivent hors de la société fascinaient les médias : ces marginaux, comme le fameux Mark Boyle, inspiraient des best-sellers et des documentaires façon Vice.

Dix ans plus tard, le Net regorge d’histoires comme celles de Boyle. Des médias leur sont même entièrement consacrés, comme toisalternatifs.fr ou sansunsou.com.

Nous avons eu la chance de rencontrer l’un de ces outsiders volontaires. Son nom est Alexis Ousso. L’an dernier, il a créé une page Youtube pour poster quelques-unes de ses compos de rap. À 21 ans, il vit dans une caravane, sans job ni argent, à la recherche d’un mode de vie résilient possible. Évidemment, on a pas résisté à lui poser plein de questions…

Par quoi veux-tu que l’on commence ? Il y a tellement de choses à dire…”

ETC : Comment es-tu devenu collapso, quel a été le déclic ?

Alexis Ousso : Pour faire court, ça a démarré avec la crise des gilets jaunes. Jusqu’ici, je croyais que je me sentais à part. Que je ne comprenais pas notre société et la façon dont elle tourne. Et quand j’ai vu tous ces gens se mettre en lutte… ça été un réel déclic. J’ai commencé à m’informer et parfois même à me former, à me désinformer aussi. Et, de fil en aiguille, j’ai découvert une interview de Pablo Servigne sur Youtube. Un long entretien d’1h30 qui a bouleversé ma façon de voir le monde et la vie en général. Voilà comment je suis devenu collapso !

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Selon toi, à quoi ressemblera l’effondrement ?

A.O : Personne ne sait comment ça va se passer. Et je laisse à d’autres le soin de le découvrir. Mais si je devais dire mon idée, ma vision… En fait, je pense qu’on va passer par un régime autoritaire, dont le but sera de maintenir notre mode de vie actuel. C’est-à-dire un mode de vie consumériste et productiviste. Et comme c’est humainement intenable, ça risque de passer par un régime autoritaire qui va l’imposer. C’est d’ailleurs déjà un petit peu le cas. Avec ce que fait Macron, ils sont en train d’implanter une surveillance de masse, à base de caméras, de drones, de reconnaissance faciale, etc… Il y a par exemple un gros risque que les chocs climatiques à venir – peut-être pas en France, même si on a déjà des grosses sécheresses – que ces chocs provoquent des exodes de masse ou des guerres. Bref, je ne vois pas les gens et le gouvernement partir sur un changement de paradigme positif. Je pense qu’on ne le fera que contraint et forcés, par la souffrance et la destruction…

Pourquoi as-tu choisi de vivre dans une caravane, en mode off the grid ?

A.O : Au départ, ça a commencé avec une histoire d’amour. J’ai changé de vie pour suivre la femme que j’aimais. Pour la protéger de ce monde destructeur… la préserver de tout ça. Au final, ça a été l’inverse, parce que je me suis précipité. Maintenant, je sais que vivre dans une caravane n’est pas viable à long terme. Je ne me vois pas vivre dans une caravane indéfiniment. À terme, j’aimerai bien une maison, une tiny house de 30 m² avec un lopin de terre, pour être autonome en termes de nourriture, d’électricité et d’eau et vivre de troc ou d’échanges de services.

Aujourd’hui je ne suis plus qu’un être humain qui aspire à un monde meilleur. Du moins, qui essaye, jour après jour.”

Comment as-tu vécu la crise sanitaire et le confinement ?

A.O : Au début, ça a été très difficile et je me suis fait peur. Je me suis renfermé sur moi-même. Je me suis dit « ça y est, c’est l’effondrement de notre société, de notre civilisation ». Du coup, j’ai été emprisonné dans ma peur. Surtout que je n’avais personne avec qui parler ou pour me rassurer [Alexis s’est séparé de sa copine]. La psychose, les lieux vides, le confinement… je l’ai perçu comme un déclenchement de la fin. Mais ensuite… ensuite j’ai essayé de me ressaisir. D’être encore plus productif sur mon projet de vie. Et ça m’a beaucoup aidé à relativiser : au final, la vie continue. À mon humble avis, le COVID n’est qu’un virus de plus. J’ai l’impression qu’ils se sont servis de cette crise pour implanter un nouveau paradigme : celui d’un capitalisme encore plus extrême et autoritaire. Sinon, pendant cette période, ce qui m’a surtout manqué, c’est le contact social. Vivant seule dans ma caravane. Heureusement, je voyais parfois ma famille, mais je ne voyais plus mes amis. C’est la chose qui m’a le plus manqué. Ça a été très dur.

Donc, pour toi le COVID c’est le début de la fin ?

A.O : Je l’ai cru, au début. Mais plus maintenant. Le début de la fin de l’humanité… il a commencé depuis 60 ans ! Ça fait 60 ans que l’on sait ce qui va se passer, et qu’on ne fait rien. Ça va juste être de plus en plus dur sauf, peut-être, pour quelques « niches écologiques ».

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Considères-tu ta caravane comme une “niche écologique” autonome ?

A.O : Non, pas du tout. Je ne suis pas encore autonome. Je ne suis même pas vraiment résilient. Disons que je consomme très peu, que ce soit l’électricité ou l’essence. Je ne m’achète quasiment jamais de nouveaux vêtements. Et j’investis tout mon argent dans mon terrain. Au début, j’ai été surpris de voir combien ma consommation d’avant était énorme et inutile. Je suis assez résigné, mais pas vraiment résilient. Je n’ai pas appris grand-chose en un an. Une année de tests, d’expérimentations, de prises de conscience. Au début, je voulais faire du maraîchage. Maintenant, je me suis plutôt orienté sur l’aménagement d’une forêt-jardin comestible chez moi, avec une petite pépinière. Je rêve de relancer l’économie de mon village en créant un petit marché de produits locaux. J’ai beaucoup d’idées pour mon village.

Ah oui, lesquelles ?

A.O : J’aimerai recevoir des classes de maternelles sur mon terrain, leur faire découvrir le potager, comment on plante des arbres, organiser des balades en forêt, bref, travailler sur l’éveil des plus jeunes aux changements climatiques et à un autre mode de vie. J’aimerai aussi recevoir des gens qui sont dans une démarche de transition et leur présenter ma façon de faire, de voir la vie et le monde. Enfin, je vais tenter de replanter des haies fruitières et des arbres fruitiers. Le but est d’avoir le maximum de nourriture à dispo en cas d’arrivée massive d’urbains à la campagne qui fuient la pénurie alimentaire des villes.

Vous anticipez un exode urbain en cas de collapse ?

A.O : Oui, je pense qu’il faut anticiper ce genre de choses. C’est un projet qui me tient à cœur. Parce que je n’ai pas vraiment envie de me faire piquer mon chez moi… du coup, je préfère pouvoir accueillir et nourrir les gens. Voilà pourquoi je fais ça.

Te sens-tu libre ?

A.O : Disons que j’essaye de me construire une nouvelle liberté. Déjà une liberté de penser… ce qui n’est pas toujours évident dans notre monde de réseaux sociaux, où beaucoup trop d’informations nous sont jetées à la figure. Et puis, je suis conscient que j’ai une liberté que d’autres n’ont pas : m’occuper de mon potager comme je le veux, sortir quand je veux… je me rends compte que j’ai beaucoup de chance !

Rébellion pour le vivant, un rap d’Alexis

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