Face à une pénurie de gasoil, l’agriculture motorisée du Venezuela est à l’arrêt. Heureusement que les charrues à bœuf sont là pour prendre le relais !
Sans eux, Alfonso Morales, jeune agriculteur de Merida, dans l’Est du Venezuela, ne pourrait plus travailler. « On est retourné plusieurs siècles en arrière ! » s’amuse-t-il.
Jusqu’ici, le Venezuela vivait sur sa rente pétrolière. Mais depuis que la production a chuté de de 3 millions de barils par jour à 500 000 (voire 50 000 selon certaines sources), c’est la crise. Et les sanctions américaines contre le régime de Maduro n’aident pas. Des sanctions qui provoquent une pénurie de gasoil dans tout le pays.
Hyperinflation
« Quand il n’y a pas plus de gasoil, m’explique Luis Vicente Leon de l’institut de sondage Datanalisis, on l’enlève au transport de nourriture et au système électrique des fermes ».
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Conséquence immédiate des pénuries : une hyperinflation incontrôlable. D’un plein de diesel quasi-gratuit en 2018, on est passé à 300 $ au marché noir.
La population craint un effondrement total du système agricole, des pertes de récoltes, un manque d’œufs et de lait. La Confédération des producteurs agricoles (FEDEAGRO) estime que « 400 000 tonnes de canne à sucre attendent toujours d’être récoltées ».
Maduro dépassé
Face à l’urgence, le gouvernement Maduro est dépassé. Heureusement, la population s’est organisée, en revenant aux « méthodes ancestrales » : les charrues à bœuf. « Mais labourer un champ d’un hectare prend désormais 3 ou 4 jours contre 5 heures seulement avec un tracteur », se désole Alfonso Morales.
Voici donc l’histoire d’un État failli, en pénurie de ressources et en proie à une inflation galopante. Dans ce portrait, le Venezuela coche toutes les cases du pays en cours d’effondrement. Sa situation est, en grande partie, comparable à celle du Liban que je vous décrit dans cette enquête.
Et, malgré cela, sa population parvient à remettre le système en route grâce à des solutions low-tech et une solidarité locale. La preuve, s’il en fallait encore, que ce sont ces deux chantiers de résilience qu’il s’agit, dès à présent, de lancer. Le monde d’après sera low-tech et solidaire, ou ne sera pas. Alors autant l’être dès aujourd’hui !