Sans touristes, Bali s’effondre et renaît

bali ile paradisiaque
Inspiré par @mifuguemiraison

Sur l’île de Bali, l’absence des touristes a provoqué l’effondrement de l’économie locale. Pour survivre, les habitants ont dû rapidement retrouver le chemin des champs et des ports de pêche.

Jusqu’à la crise de la COVID-19, Bali accueillait plus de 15 millions de touristes chaque année. Et, selon le New York Times, 70 % de l’économie locale dépendait de ces visiteurs.

Désormais, les 4 millions d’habitant·es de l’île indonésienne, majoritairement employé·es dans l’industrie hôtelière, se retrouvent sans job… contraints de retourner dans leur village pour y cultiver de quoi survivre. L’exode des jeunes villageois du Nord, venus travailler dans les villes touristiques du Sud s’est ainsi brusquement inversé.

Vous ne connaissez pas Bali ? Depuis une vingtaine d’années, l’île indonésienne est un blockbuster touristique. Véritable paradis tropical pour amateurs de cocotiers, de plages de sable, de surf et de farniente… entre deux visites de temples sacrés. Un écrin de nature au beau milieu de l’Océan Pacifique, à s’offrir pour moins de 1 000 € la semaine, à seulement 16 heures d’avion de Paris ! Evidemment, il ne faut pas s’étonner que ce paradis soit désormais menacé !

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Renaissance des villages

De retour dans leurs villages natals, la jeunesse balinaise a apporté sa main d’œuvre à l’agriculture locale, essentiellement constituée par le ramassage de palourdes et de crabes, et à la culture de fruits et du clou de girofle…

L’envoyé spécial du New York Times a croisé de nombreux habitants d’une vingtaine d’années qui se plaignent de la dureté de ce labeur. Mais pour les villageois qui souffraient de la désertification du Nord, ce retour au bercail de la jeunesse de l’île est une véritable renaissance.

On découvre ainsi que, dans le village de Tembok qui compte moins de 7 000 habitants, l’arrivée de 400 “urbains” a transformé la vie agricole.

Mais les autorités n’ont pas l’intention de promouvoir ce “retour à la terre”. Au contraire, le gouverneur de Bali envisage la réouverture de l’île aux touristes dès la fin du mois de juillet 2020, notamment pour les indonésiens qui représentaient jusqu’alors plus de la moitié des visiteurs.

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Bali, Paris, même destin ?

Que nous apprend le scénario balinais ? Qu’un basculement d’une économie de services vers une économie agraire n’est pas si compliqué… et qu’un retour de la population à l’agriculture est possible – même si beaucoup vont râler !

Néanmoins, ce genre d’exode urbain brutal (et la résilience rurale qu’il permet), ne sont possibles qu’à une condition : que chacun puisse trouver un point de chute campagnard où poser son bardas.

Or, si ce fut le cas à Bali… ça ne le sera pas pour l’Île-de-France, par exemple. Combien de ses habitants ont encore des attaches familiales en zone rurale ? L’idée selon laquelle le francilien n’est qu’un provincial de passage ou que Les parisiens sont des provinciaux comme les autres comme l’écrit Mathilde Lantieri, semble de moins en moins vraie.

Ainsi, le scénario qui se dessine pour les métropoles françaises – entre autres – serait donc plutôt celui d’un tsunami d’urbains désœuvrés déferlant sur les campagnes environnantes pour s’agglutiner dans d’incroyables bidonvilles champêtres… Un exode digne de celui vécu en juin 1940 par les Français du Nord (ainsi que de nombreux Belges et Hollandais), fuyant l’armée allemande. Un chaos humain conté par Pierre Vallaud, dans un livre très réaliste et précis, publié en 2000. 

Pour lutter contre ce risque, il est donc urgent d’entamer la repeuplement des campagnes et le “verdissement” des villes. Un travail auquel s’attellent des centaines d’associations anonymes, et que le média Agri-city met en lumière. On y croise des initiatives de fermes urbaines (comme celle d’Amiens qui compte 4500 adhérents !), de jardins collectifs, de végétalisation des toitures, d’élevages en ville, d’agriculture en sous-sol… Une mine d’informations et d’inspiration !

On a aussi bien aimé la démarche de Culture et Compagnies, qui propose à des entreprises d’installer et de gérer un potager sur les espaces verts, toits et terrasses de leurs locaux ! Quels génies !

Pour en savoir plus sur la résilience alimentaire des villes et l’urbanisme vert, on vous recommande le reportage dessiné paru dans The Conversation, qui reprend les travaux du programme de recherche « SEMOIRS » qui a analysé pendant 2 ans le fonctionnement rendus par 6 microfermes franciliennes. 

Autre source : l’excellent essai, dirigé par Philippe Clergeau, intitulé Vers un paysage vivant structurant le projet urbain et publié au mois de Juin 2020. 

Bonnes lectures ! 

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