La chronique de l’effondrement #2 : le temps du déni est révolu

Comme une impression de “calme avant la tempête” qui n’en finit pas. Chacun reprend ses habitudes. Les masques, qui matérialisaient le mal qui emplit l’air… ont presque disparu de nos visages.

Comme disait Jacques Lacan  : “Le réel, c’est quand on se cogne“. (Pour ceux qui ont besoin d’aide pour s’endormir le soir, voici un topo sur les Origines anthropologiques du réel chez Lacan).

Mon interprétation de cette idée : le réel, c’est un mur.

Et l’Humain – qui ne voit pas plus loin que le bout de son nez – doit s’y cogner, pour changer de cap.

Aussi faut-il que le mur soit solide : tels les zombies de Walking Dead, l’Humain est capable de s’y cogner dix, cent, mille fois sans broncher, jusqu’à le faire tomber. Pour continuer à tracer sa route, l’Humain est capable d’abattre le plupart des murs (et des forêts). On appelle ça… le progrès !

Détail du “Mur”, d’Eric Lacan, dit Monsieur Qui. Peinture murale visible dans le 12è arrondissement de Paris (plus d’info ici). C’est le fruit d’une recherche hasardeuse associant les mots Lacan, Zombie et Mur. Merci écosia !

Voilà comment j’explique que, malgré tous les murs sur lesquels l’occidental se cogne (les rapports du GIEC, les catastrophes météo, le Covid, l’inflation, la pénurie de pellets ou d’essence…), rien ne se passe, ou presque.

Le déni dans toute sa splendeur.

Le déni, en médecine, c’est le “temps nécessaire pour surseoir à l’évidence et amadouer la douleur, domestiquer l’angoisse et apprivoiser l’idée de la fin.” (lire ici).

Mais avons nous encore le temps du déni ?

Cette BD étonnante raconte l’histoire de Madeleine, dont la maison, construire sur une falaise, est destinée à s’effondrer. Pourtant, Madeleine, aveugle, refuse de voir le danger… (à découvrir ici).

Face au déni, nous ne somme pas égaux.

Beaucoup espèrent que la météorite ne fera que nous frôler. Pour certains, le mur est encore bien loin. Et d’autres se le sont déjà pris en plein cœur. On les appelle, à tord, les éco-anxieux. Je préfère parler de personnes lucides.

Dans Le meilleur à venir, Véronique Perriot répond aux questions de quatre jeunes filles lucides confrontées à l’idée d’effondrement. Comment l’appréhender quand on a 17 ans ?

Une approche différente et complémentaire à celle de Pablo Servigne et Gauthier Chapelle (L’Effondrement expliqué à nos enfants… et à nos parents), enthousiaste, concrète et féministe.

À lire et à offrir (disponible par ici).  

Ah oui ! J’allais oublier de parler de ceux qui, voyant le mur arriver, décident de sauter du train en marche. De faire sécession.

Je pense évidemment à la sécession des ultra-riches. Ou à ces “passagers clandestins” qui se ruent aux pompes pour remplir des jerrycans.

Je pense aussi à certains survivalistes, qui s’arment pour ne pas avoir à partager le butin de supermarché qu’ils ont amassé.

Cela m’évoque une petite vidéo réalisée autour du nanar dystopique Zardoz, du temps où je me prenais pour un youtubeur… Malgré le montage à la machette, ça reste assez marrant !

Zardoz, nanar collapso ?

Enfin, que dire des écohameaux et autres oasis permacoles-autosuffisantes qui fleurissent un peu partout ? Elles aussi forment une sécession. Et en quoi serait-elle différente des autres ?

Deux mots – ou plutôt deux idées – tracent la frontière : solidarité et ouverture.

Comme l’explique Arthur Keller : “nos sociétés peuvent-elles durer quand, partout, le monde naturel s’effondre? Non. Pourtant, personne ne se prépare vraiment à ce qui nous attend. Et si vous croyez que la sécurité alimentaire, énergétique ou sanitaire est assurée par l’État ou les collectivités, c’est faux : en cas de rupture logistique prolongée, nous sommes livrés à nous-mêmes. Or, c’est pas dans la panique qu’on va se mettre à créer des systèmes low-tech géniaux. Il faut que, bien avant le stade critique, ces choses existent et aient prouvé leur efficacité, pour que la population se les approprie. Pour qu’au moment critique, la population ait une solution de repli, plutôt que le chaos et la violence.”

Aurons nous la volonté de partager ce que nous avons bâti avec nos mains et notre argent ? Cette terre que l’on travaille ? Ces outils que l’on a forgé ? Est-on capable de vivre en mode open source, de penser communs et de s’auto-limiter; pendant que d’autres engraissent ou gaspillent ?

Serons-nous des fourmis généreuses face aux cigales inconscientes qui viendront crier famine chez leur écolo de voisine ? Je vous laisse sur cette réflexion !

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