Ils ont fait leur coming-out collapso au bureau. Et leur témoignage en dit long

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L’effondrement de notre mode de vie est imminent. Vous en êtes persuadé. Mais, autour de vous, en famille, au boulot… tout le monde s’en fout. Alors vous gardez le secret de peur que l’on vous prenne pour un survivaliste forcené ou un amish sectaire. Mais que se passerait-il si vous faisiez votre coming-out ? Voici deux cas concrets qui pourraient vous inspirer !

Avant-propos : le terme coming-out est-il bien choisi ? 

Je me suis fait rembarrer sur Discord au motif que “le terme coming-out appartient à la communauté LGBTQIA+“. Je me suis donc renseigné. C’est l’abréviation de “coming out of the closet” (sortir du placard), une expression venue des États-Unis. Mais la révélation ainsi faite est-elle nécessairement liée à son orientation sexuelle ? Pas à mon sens. La preuve : la fiche Wikipedia précise que “par extension, le terme coming out peut désigner l’annonce publique de toute caractéristique personnelle, jusque-là tenue secrète par peur du rejet ou par discrétion”. Ce n’est pas que Wikipedia soit parole sacrée; mais je suis à peu près persuadé que, si ce paragraphe avait provoqué un tollé auprès de la communauté, il aurait été remanié ou retiré. Puisque ce n’est pas le cas, je suis tranquille. CQFD. Par ailleurs, je me demande si considérer qu’une expression populaire “appartient” à une seule communauté ne relève pas de l’appropriation culturelle ? Pour un shit storm, je suis dispo sur twitter @escapethecityyy, entre 14h et 15h12 tous les jeudis après-midi. 

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Sortir du placard

Voici un an que j’ai rejoint les groupes Facebook “Coming-out : effondrement, résilience, collapsologie…” et “Travaille avec un collapso” et je me suis tout de suite posé la question : et si je révélais mon identité de collapsonaute à mes collègues, comme ça, en pleine pause café ? Avant de me lancer, j’ai demandé aux membres de ces groupes de témoigner. Deux d’entre eux, Mathieu et Sandra, m’ont écrit. Voici leurs histoires.

Lire aussi : “Papa, maman, c’est quoi l’effondrement ?” Que répondre aux gosses ?

Sandra : “je suis devenue l’atypique de l’open space”

D’abord, faut savoir que je suis végétarienne depuis l’âge de 7 ans. J’en ai maintenant 28 et suis presque végane. Quand j’étais gamine, je n’ai pas connu de harcèlement à l’école, même si mon végétarisme en a choqué plus d’un. J’ai perdu 2-3 ami.e.s comme ça ! C’était vraiment triste, quand j’y repense.

Depuis 3 ans, j’ai trouvé un job stable, assez bien payé. Même si ce n’est pas le job de mes rêves (mon rêve étant de vivre en autonomie dans une tiny house que je me construis seule avec mon chien le week-end et les vacances), j’ai besoin de ce boulot. 

Le problème est que j’y suis littéralement cernée de boomers de droite. Mis à part les stagiaires et ma copine du welcome desk, pas grand monde ne me comprend. J’évite donc de déjeuner avec les autres – de peur de lancer un débat houleux – et j’ai un peu une image d’asociale.

Et puis, un jour, ça m’a pris : je me suis mise à raconter mes vacances d’été, passées dans une ZAD, puis à éco-construire ma tiny house dans la cambrousse.

Depuis, je suis l’atypique de l’open space. Mes collègues ont un peu peur de partir dans un débat avec moi sur les sujets politiques, ou même de société du genre l’interdiction du Diesel à Paris. Un collègue est même venu s’excuser auprès de moi pour toutes ses réflexions anti-écolo ! J’espère que la nouvelle génération de recrues sera plus ouverte, grâce à la médiatisation du sujet de l’effondrement dans les médias et sur les réseaux. 

Au final, je recommanderai d’attendre d’être bien installé à son poste et reconnu pour vos compétences avant de se lancer. 

Assurez-vous aussi que vos collègues soient des gens bienveillants et pas des toxiques.

Mathieu : “il y a eu un avant et un après covid”

Il n’y a pas eu d’annonce officielle à proprement parler. Disons que je distillais quelques infos et remarques à propos de l’actualité. Travaillant dans un univers où le bien-être et le mieux-vivre sont des thématiques fortes, c’était des sujets et des personnalités dont on entendait parler mais sans y prêter plus d’attention. Je ne voulais pas qu’ils se prennent en pleine gueule le choc que j’ai eu en dévorant Comment tout peut s’effondrer de Pablo Servigne et Raphaël Stevens. Je voulais que cet “éveil” se fasse petit à petit, qu’il vienne de leur part. Cela passait par des liens que je leur transmettais, des infos sur l’état du monde, sur la vacuité de certains projets et modes de vie.

Du coup je pense que d’eux-mêmes, pour ceux qui connaissent le terme, ils se sont doutés que j’étais collapso. Mais ce n’était pas un sujet de discussion, je continuais mon petit travail de sape puis le Covid est arrivé. Et tout a changé.

Avant le Covid, il y avait 2 types de réactions.

Ceux qui trouvaient que j’exagérais trop même s’ils avaient conscience que quelque chose cloche dans le système actuel, et ceux complètement réfractaires. Avec eux je n’insistais pas.

Puis il y a eu 2020 avec tout ce que l’on sait. Là, mes collègues ont vraiment changé. Les réfractaires l’étaient toujours au début du confinement. Quand je leur disais “vous allez voir il va y avoir ça, puis ça” ils me disaient d’arrêter, que c’était trop déprimant et que ça n’arriverait pas.

Pourtant je leur parlais de très court terme (restriction des libertés, passeport vaccinal, crise économique, crise écologique), on était en mars. Maintenant, quand je leur fais les mêmes “prévisions” et annonces ils écoutent. Quand on voit tout ce qui s’est passé en un an ça aide à ouvrir les yeux, à se rendre compte qu’on fonce dans le mur. Petit à petit l’oiseau fait son nid.

Pour les moins réfractaires, là, c’est complètement différent. Maintenant on en parle plus ouvertement, ce sont même eux qui m’envoient des articles, ça parle de quitter la région parisienne, d’éco-village, d’autonomie, d’apprentissage. Comme on avait évoqué certains sujets avant la crise, dont certains sont bels et bien arrivés, c’est comme ils se disaient “Mais merde ce que tu disais est bien arrivé.” Par exemple, en 2019 on parlait de placement immobilier avec un collègue qui voulait placer ses économies dans les immeubles de bureaux parisiens. Je lui avais dit de se méfier, qu’à moyen terme une crise économique pourrait arriver et que Paris pourrait se vider. Et là arrive le Covid, le télétravail, la fuite des villes durant le confinement. Pas mal de trucs et idées dont je leur parlais arrivent ou sont en approche, j’avais entr’ouvert la porte et là ils l’ouvrent d’eux-mêmes.

Je pense qu’ils réfléchissent à un plan B, sont conscients que quelque chose cloche et déjà rien que ça c’est une bonne chose. 

De manière générale cela n’a pas changé mes rapports avec mes collègues, comme partout : certains sont plus ouverts et d’autres restent avec leurs œillères. J‘avoue que la situation actuelle a bien accéléré les choses et on aborde les choses plus directement. 

Mais je les laisse faire leur chemin, tout comme j’ai fait le mien.

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