Face à la sécheresse, les Brésiliens redécouvrent l’agroécologie et le progrès social

Au Brésil, la sécheresse conduit à l’abandon de l’agriculture intensive au profit d’une agroécologie qui permet l’abondance et l’indépendance économique… avec moins d’eau et de pétrole !

Pour lutter contre la sécheresse qui s’abat sur le nord-est du Brésil, l’ONG Assistance et services à des projets d’agriculture alternative (AS-APA) a lancé le programme « Terre et eau ». Un vaste réseau de citernes qui rapproche les points d’eau des habitations.

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Des décennies de sécheresse

L’histoire se passe dans l’Agreste, un territoire au climat aride et aux précipitations pour le moins… irrégulières. En effet, depuis des décennies, la sécheresse frappe cette contrée 6 mois par an. Une période qui ne cesse d’augmenter avec le réchauffement climatique.

Cette sécheresse a provoqué l’exode des habitants vers les favelas des mégalopoles brésiliennes. Les opulents propriétaires terriens en ont profité pour racheter les petits domaines agricoles familiaux délaissés. Et les consacrer à une monoculture mécanisée de la canne à sucre.

La borborema

Face à ce phénomène, l’ONG AS-APA a aidé les petits exploitants à fonder un syndicat : la Borborema.

Près de 20 000 familles y sont représentées. Un système de financement coopératif a permis la construction de citernes destinées à récupérer les eaux de pluie. Ainsi, l’ONG a aidé ces familles à développer des pra­tiques agroécologiques. Puis, à gagner leur indépendance financière en organisant la commercialisation de leurs produits.

Depuis, le programme « Une terre, deux eaux », lancé en 2009, a permis de maintenir sur place de nombreuses familles. Elles ont vu leur conditions de production agricole s’améliorer et peuvent désormais subvenir à leurs besoins et vendre le surplus à la ville.

La plupart de ces agriculteurs ne dépendant plus des engrais chimiques, ni des pesticides… qui étaient pourtant le carburant de la fameuse « révolution verte » brésilienne années 1960.

Leur coopérative, intitulée Eco-Borborema, regroupe aujourd’hui près de 180 agriculteurs. Elle organise une commercialisation équitable des produits au sein de marchés bio, et grâce au label « Produtos do Roçado ».

Dans le même temps, les familles ont organisé une banque de semences bio. On s’y échange notamment des haricots et du maïs. Ils luttent ainsi contre la tentative des industriels de les enferrer dans un « package semences transgéniques + engrais chimiques + pesticides » qui les rend dépendants.

« Sans fémi­nisme, pas d’agroécologie »

Toutes ces transformations économiques et agricoles ont aussi changé la société. Vie meilleure, reconquête de l’autonomie financière, mais aussi affirmation des femmes dans la gouvernance associative et au sein des fermes.

Une véritable victoire dans une société éminemment machiste. Une société qui prend aujourd’hui conscience que « sans fémi­nisme, il n’y a pas d’agroécologie ».

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Des cantines locavores

Parmi les principaux clients des producteurs familiaux : les écoles. Elles ont adopté le « programme national de l’alimentation scolaire » qui contraint les cantines à servir 30 % d’aliments issus de l’agriculture familiale. Un programme attaqué par le gouvernement Bolsonaro, soutenu par l’agro­business.

Depuis 2018, année de son arrivée au pouvoir, les lois favorables à l’agriculture familiale sont remplacées, l’une après l’autre, par des réglementations favorables à l’agrobusiness. Un mouvement destructeur auquel les membres de la Borborema s’opposent de toutes leurs forces.

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