LGBTQI+ : quand les minorités investissent la campagne

Le “retour à la terre” apparaît aujourd’hui comme une pratique largement présente dans les communautés LGBTQI+.

Entre précarité et mode de vie “hors-sol”, la vie en ville n’offre plus d’espoir tandis que la campagne s’affiche comme refuge. En France, on constate la visibilité grandissante de la présence queer (1) dans l’espace rural avec la multiplication des marches des fiertés et l’apparition d’initiatives collectives, comme le Jardin des passages, une petite ferme dans le sud du Cantal. Désormais, la ville ne serait plus l’unique possibilité d’une vie sociale, culturelle et amoureuse pour les groupes LGBTQI+. Comme en témoigne l’ouvrage “Féministes des champs” de la sociologue Constance Rimlinger, les communautés lesbiennes et/ou queers sont porteuses “d’une autre manière d’être au monde” au sein de ces modes de vie alternatifs.

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Réappropriation(s)

Dans son enquête, la sociologue Constance Rimlinger s’est penché sur l’investissement des espaces ruraux par les femmes, les lesbiennes ou les communautés queers en France et à l’étranger. Depuis 1970, elle examine la manière dont l’installation en ruralité, pour des femmes et/ou des minorités de genre, constitue un ancrage dans l’écoféminisme. Indissociable des différentes vagues néorurales, ce phénomène concernant les “petites minorités” est loin d’être anodin car “la marge informe sur l’état d’une société et contribue à son évolution », assure-t-elle.

Le mouvement, qui vise à « injecter une conscience féministe au mouvement environnemental » et « une conscience environnementale au mouvement féministe », selon la formule de la sociologue Ariel Salleh remonte à quelques décennies. Parmi les plus anciennes de ces communautés, on nomme We’Moon Land, dans l’Oregon, active depuis presque cinquante ans, ou la communauté Earthspirit en Nouvelle-Zélande. Portés par un féminisme différentialiste, c’est-à-dire basé sur la différence des sexes, ces groupes se distinguent par une volonté séparatiste : il faut se couper de la culture et du monde des hommes et, à travers la reconnexion à la nature et le travail communautaire, créer un espace matériel et spirituel à soi. En somme, ces communautés rurales seraient réunies par la volonté de proposer des alternatives aux systèmes économiques, sociaux et politiques dominants.

(1) Vers la fin des années 80, la communauté LGBTQ+ s’est réapproprié le terme queer (signifiant « étrange » en anglais), qui était à l’origine utilisé pour parler péjorativement des hommes homosexuels, pour en faire un symbole de contestation des modèles identitaires relatifs au genre et aux orientations sexuelles — définition du Grand dictionnaire terminologique.

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