C’est pour moi la fin d’un cycle : la sortie du déni pour entrer dans la colère. Une colère que j’espère constructive.
Variants Covid + météo extrême = effondrement
L’entrée du variant Omicron au pandémonium de l’épidémie m’a rappelé le titre d’un vieil édito : « variants Covid + météo extrême = effondrement ».
J’y décrivais les rouages du cercle vicieux dans lequel nous sommes pris.
Cet édito a été supprimé de la plateforme où il était publié, cette dernière voulant privilégier les « contenus journalistiques » par rapport aux « tribunes d’opinion ». Cela ne m’étonne pas.
J’ai récemment reçu un avertissement de Youtube pour ma vidéo intitulée « Où s’installer pour survivre à l’effondrement ».
On m’y expliquait que la vidéo n’était « pas complètement conforme à nos politiques publicitaires. Votre titre inclut un contenu inapproprié, offensant, violent ou de nature sexuelle ». Mais oui, mais c’est bien sûr…
Cette semaine, je voulais te parler des vaccins au Nord et variants au Sud, de l’économie zombie surendettée, de la météo extrême, des pénuries, de la société de surveillance…
Je pensais aussi vous raconter l’histoire de ces paysans du Sichuan, contraints d’assurer la pollinisation des arbres fruitiers à la main, suite à l’extinction des insectes pollinisateurs.
Mais à quoi bon te répéter tout ça ? Je sais que tu sais que je sais.
L’impression d’écrire le même article encore et encore. D’avoir examiné toutes les facettes du casse-tête.
L’impression d’être dans un remake écolo de Déni Cosmique, la nouvelle comédie Netflix, où deux scientifiques tentent de convaincre la planète de la fin du monde. Problème : personne ne les prend au sérieux.
Ciao déni, salut colère !
Je pensais être loin dans la courbe du deuil. À quelques pas de la case « acceptation ».
Ahah ! Quel couillon ! Je viens à peine de passer à la phase du déni et d’entrer dans la colère !
Tous ces articles, ces recherches, ces expérimentations étaient surtout une façon de me convaincre moi-même des effondrements qui nous menacent.
Maintenant que toutes les preuves sont sous mes yeux, je peux laisser place à la colère.
J’avoue m’être longtemps moqué du triptyque Tête-Coeur-Mains. Je trouvais ça… perché. Je me rends compte aujourd’hui que ma tête et mon coeur ne sont plus alignés. Pourquoi ? Parce que mes mains sont vides. J’ai besoin de passer à l’action. Besoin de faire et de m’agripper.
On aurait été en juin, je me serais rué dans mon jardin. Oui, mais voilà : c’est l’hiver.
Heureusement, Décembre et son ambiance de Noël m’ont inspiré une idée : écrire un guide de déconsommation.
Bon, ça fait déjà plus de 10 ans qu’on multiplie les livres comme Planète Bazar, d’Annie Leonard, sous-titré « comment la surconsommation détruit la planète et ce qu’il faut faire pour s’en sortir ». Je suis aussi allé emprunter La société de déconsommation de Cécile Désaunay, préfacé par Dominique Bourg.
Ces livres sont radicaux, à leur façon. Mais ma colère me pousse à aller encore plus loin.
Colibri et pélicans
Le décès de Pierre Rabhi m’a conduit à relire la légende du colibri. J’ai découvert que la version que nous connaissons a été fortement édulcorée, jusqu’à devenir gnangnan, selon le conteur Patrick Fischmann.
Dans cette tribune sur Reporterre, il écrit que le colibri en colère (tiens, tiens) part réveiller les pélicans seuls capables de transporter assez d’eau pour éteindre l’incendie. Dans cette version, le colibri n’est pas un « solitaire exemplaire », mais le pollinisateur d’une lutte collective.
Le voici donc, mon nouveau projet : écrire, non plus pour informer, mais pour appeler à la révolte. La révolte contre toute forme de consommation. Libérer ma colère, et faire le pari de la radicalité.