Vous attendiez nerveusement la date de l’effondrement ? Voici un bon indice. Selon le Shift Project et le Post Carbon Institute, la fin de la civilisation du pétrole interviendra d’ici 10 ans. Vous ne pourrez pas dire que j’vous ai pas prévenu.
Pas envie de tout lire ? Écoutez le podcast de l’article !
Sources
Mes infos sont basées sur les travaux de 2 think tanks menés respectivement par Richard Heinberg et Jean-Marc Jancovici, les Papes de la prospective énergétique.
1-Le « pic pétrolier » (moment où la production de pétrole va baisser faute de réserves suffisantes) a déjà eu lieu à l’échelle mondiale. Selon l’Energy Information Administration américaine, la production mondiale de pétrole a atteint son climax en novembre 2018 avec 84,5 millions de barils/jour. Depuis, la production ne cesse de chuter. Nous serions aujourd’hui autour des 75 mb/jour.
2-« Le franchissement du pic du pétrole conventionnel en 2008 est désormais confirmé par l’Agence Internationale de l’Energie« , affirme Matthieu Auzanneau. Nous ne découvrirons plus de nouveaux gisements sous terre .
3-En Europe,le peak est pour 2030. Et le « déclin systématique » de notre civilisation thermo-industrielle est enclenché.
4-On estime la baisse du volume de pétrole disponible à 8 %… alors que la réduction annuelle de la consommation d’énergies fossiles en Europe n’est que de 0,5 %. Pour les nuls en maths : il faudrait donc « décarboner » notre économie 2 fois plus vite, pour éviter d’être rattrapés par le peak oil… puis le « peak everything » (autrement dit la-fin-des-haricots).
Lire aussi : Effondrement : 22 sites web pour tout comprendre et arrêter de flipper
Peak oil
5-Malgré l’évidence de l’épuisement des réserves de pétrole conventionnel en Arabie saoudite dans les années 90′, la perspective du peak oil a longtemps été niée par les commentateurs. Ils promettaient « le boom du pétrole de schiste (non conventionnel) ».
6-Oui, mais voilà : la révolution n’aura pas lieu. Trop compliqué à extraire et pas assez rentable, il n’est plus une priorité des majors du secteur.
Lire aussi : Jean Leclercq, architecte du monde d’après : “j’ai développé une foi dans un avenir incertain.”
7-En 1998, les pétro-géologues Jean Laherrère et Colin Campbell ont prédit que le peak oil serait franchi durant la décennie 2010. Une prédiction qui s’est avérée exacte.
À lire : Pétrole, le déclin est proche (Seuil, 2021). L’essai d’Hortense Chauvin et de Matthieu Auzanneau, directeur du Shift Project montre que l’humanité est prise dans un étau entre le réchauffement climatique et le déclin des réserves de pétrole. Il confirme l’analyse de l’Agence internationale de l’énergie selon laquelle le peak de pétrole conventionnel a été atteint en 2008. Bien sûr, on découvre régulièrement de nouveaux gisements de pétrole (récemment au large de la Côte d’Ivoire). Mais cela ne change rien au tableau général : le risque de pénuries d’approvisionnement en Europe d’ici 2030 est palpable. Leur message est clair : entre le chaos climatique et le pic pétrolier, nous devons mettre en œuvre de vrais plans de sortie du pétrole. D’urgence.
Sur l’arbre fruitier que constituent les réserves mondiales de pétrole, les fruits à portée de main sont depuis longtemps cueillis.
8-Aujourd’hui, le seul horizon d’une firme pétrolière est d’aller pomper l’énergie à 10 km sous l’océan, au large de Rio de Janeiro ou en Arctique. Un investissement très peu rentable.
9-Le pétrole de schiste américain est pompé « à perte ». La crise du Covid-19 a mis un coup d’arrêt brutal à ces investissements. Le pompage en eaux profondes, le forage des sables bitumineux et la fracturation hydraulique ont un rendement trop faible pour être rentables.
10-Mais, comme les gouvernements limitent la hausse des prix du pétrole pour permettre la reprise économique, le prix de ventre du baril devient à la fois
- trop cher pour attirer les consommateurs,
- trop faible pour assurer la rentabilité de l’industrie.
11-Exxon Mobil, la plus grande compagnie pétrolière américaine ne fait plus partie du classement des plus grosses entreprises du pays.
12-En 2020, une trentaine de compagnies pétrolières américaines ont fait faillite. Le COVID-19 a fait exploser la bulle de la fracturation hydraulique (largement financée à crédit). À la clé : une crise économique comparable à celle de 2008, dans un contexte de pandémie.
À découvrir : si vous parlez Castillan, voici le blog du Jancovici Espagnol. Ca s’appelle CrashOil et c’est énorme.
13-Pour nous libérer de notre dépendance au pétrole, nous devons repenser notre mode de vie.
14-Selon Auzanneau, « l’Union européenne importe davantage de pétrole que la Chine ou les États-Unis, et nous nous approvisionnons dans des zones qui sont soit déjà en déclin, comme la Mer du nord ou l’Algérie, soit sur le point de l’être, comme c’est le cas pour la Russie« .
15-Si la sortie du pétrole n’est pas anticipée, nous risquons un effondrement brutal du système.