Le mois de Juillet 2023 a été le plus caniculaire jamais enregistré, sur terre et sous la mer. Principale victime : le pourtour méditerranéen. On fait le point.
Pour le secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, l’ère du réchauffement planétaire est terminée, “l’ère de l’ébullition globale est arrivée“.
Spirale infernale
Alors que les températures atteignaient des records en Sardaigne (48,2 °C à Jerzu), en Sicile (47,8 °C à Syracuse), à Tunis (49°C) et Turquie (43°C à Izmir), des incendies violents et meurtriers se sont déclenchés en Algérie, en Grèce, en Italie et en Corse.
“Le bassin méditerranéen est devenu le hotspot de la crise climatique” selon les chercheurs du Medecc (lire ici). En effet, en 2021, des incendies avaient déjà détruit plus de 100 000 hectares de forêts en Grèce. Depuis 2022, l’Italie et l’Espagne connaissent d’importantes pénuries d’eau et la sécheresse a provoqué la mort de milliers d’arbres en Turquie cette année.
À savoir : durant l’été 2022, l’Europe a connu des canicules qui ont entraîné près de 62 000 décès, principalement dus à des problèmes cardiovasculaires et respiratoires.
L’une des raisons de l’augmentation des feux est le reboisement massif des forêts, qui ont pris la place de zones agricoles désormais délaissées. La disparition d’activités agricoles et pastorales a créé un environnement propice aux incendies. Une nouvelle gestion des forêts en Europe doit être une priorité !
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Le spectre de la désertification et de la guerre
De plus, c’est un fait : la Méditerranée se réchauffe plus vite que le reste de la planète. Selon les chercheurs, la température pourrait augmenter de 2,2 °C d’ici 2040. Il faut imaginer des vagues de chaleur de plus en plus intenses, des sécheresses, une acidification de la mer… C’est le potager de l’Europe qui va disparaître, plus de poisson, ni de tourisme dans ces pays souvent muséifiés.
Déjà, en Italie et en Espagne, les fleuves subissent les conséquences dramatiques de sécheresses exceptionnelles, menaçant l’agriculture et l’économie. Le fleuve Pô en Italie a perdu son débit habituel, entraînant des récoltes inférieures de 30 à 90%. En Espagne, le transfert d’eau du fleuve Tage vers le sud génère des tensions entre les régions, confrontant écologie et économie.
À savoir : les précipitations diminuent de 4 % par degré de réchauffement global.
Ces bouleversements vont dépleupler ces zones, provoquer des vagues de migration, des conflits pour l’eau. Moins spectaculaire que les méga-feux, la sécheresse est, en réalité, la principale menace, car elle entraîne une perte de biodiversité, et, surtout, de l’instabilité économique et politique.
Une guerre de l’eau menace l’Europe
Les données satellites fournies par l’Université de technologie de Graz, indiquent que la situation de l’eau douce souterraine en Europe est très préoccupante. Les aquifères, qui stockent la majeure partie de l’eau douce non gelée du continent, perdent plus d’eau chaque année qu’ils n’en récupèrent par le biais des précipitations, selon l’hydrologue Jay Famiglietti.
L’Europe perd en moyenne près de 84 gigatonnes d’eau par an depuis le début du 21e siècle, un taux alarmant lié à l’extraction excessive des eaux souterraines pour compenser les sécheresses et les records de chaleur causés par le changement climatique. Cette situation est aggravée par la surexploitation des aquifères par les agriculteurs, l’industrie et les villes.
Les principaux points noirs à surveiller sont la Catalogne (Espagne), dont les réserves en eau s’épuisent, le sud-ouest de la France, où certains villages ne peuvent plus fournir d’eau courante à leurs habitants, et l’Italie, avec un niveau d’eau dans le plus grand fleuve aussi bas qu’en juin de 2022.