Qui sont vraiment ‘Les Soulèvements de la terre’ ?

soulèvements de la terre

Quelles sont les origines, les valeurs et les modes d’action des Soulèvements de la terre, le mouvement écologiste dissout à la demande du chef de l’État ?

Point info (21/06 à 14 heures)

Mardi 20 juin, la sous-direction antiterroriste de la police nationale (SDAT) a procédé l’interpellation de plusieurs militants. Ces interpellations seraient liées à l’action du 10 décembre 2022 dans l’usine Lafarge de La Malle, à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône). L’action visait à dénoncer les « conséquences écologiques et sociales » des productions du cimentier, un des plus grands émetteurs de CO2 du pays.

Le décret de dissolution du mouvement Les Soulèvements de la terre a été examiné et approuvé en Conseil des Ministres le 21 juin. Il a été forgé pour être inattaquable devant le Conseil d’État. Le mouvement va certainement déposer un recours. Ici finit peut-être la démocratie ?

Cette dissolution a été réclamée directement au chef de l’État par Arnaud Rousseau, le nouveau président du syndicat de l’agro-industrie, la FNSEA.

Origines des Soulèvements de la terre

Les Soulèvements de la Terre sont nés des luttes à la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, dont plusieurs de ses leaders sont issus, notamment Benoît Feuillu, ou Basile Dutertre.

À l’origine des Soulèvements de la terre, il y a les Assises de la Terre, puis le CMDO, un mouvement d’occupation de la ZAD. Une fois le projet d’aéroport abandonné, le mouvement s’est durci (se renommant NDDL – poursuivre ensemble). Très vite, des dizaines de comités locaux fleurissent partout en France. Ils formeront des groupes d’action directe, qu’on a vu à l’œuvre lors de la manifestation de Sainte-Soline du mois de mars 2023.

Lire aussi : #Tribune Stop à la réintoxication du monde ! Transformons la France en ZAD !

“Séparées, nos luttes, sont impuissantes.”

L’objectif des Soulèvements de la terre est de mettre en mouvement ces organisations qui se battent trop souvent séparément. Ce n’est donc pas une simple association que l’on dissout d’un décret. C’est plutôt une constellation, une nébuleuse, une coalition de syndicats, de fermes paysannes, de citoyens, de collectifs, d’ONG, décidés à défendre le vivant. Bref, un réseau de mouvements sociaux, composé d’activistes, mais aussi d’agriculteurs et de citoyens, unis sous un même bannière.

Comme l’écrit la DGSI : ils sont un « mouvement transcendant les appartenances d’origines et les divergences de stratégie », qui vise à « fédérer le plus grand nombre possible de militants et groupes issus d’horizons idéologiques différents ». La preuve : L’appel “Nous sommes les Soulèvements de la terre”, signé par Jean-Luc Mélenchon, Yves Cochet, toute l’équipe de Socialter, de Reporterre, du Low-Tech Journal, des anarchistes jusqu’à Yannick Jadot.

À lire : “On ne dissout par un soulèvement”, aux éditions du Seuil.

“On n’a plus le luxe d’attendre”

Face au désespoir et à la colère que peut ressentir tout militant écologiste face à l’impunité totale dont profite le système techno-industriel et ses dirigeants, les Soulèvements de la terre ont voulu aller plus loin que la lutte institutionnelle ou judiciaire. Plus loin que la non-violence irréprochable.

Il faut “aller à la bagarre, explique Nicolas Girod, porte-parole du mouvement. Aussi bien sur le terrain que dans les institutions”. Il faut “lutter contre le béton, les mégabassines, contre ceux qui empoisonnent le vivant (…) contre le complexe agro-industriel et face au bétonage par la méga-machine métropolitaine.”

Ainsi, ils prônent clairement la désobéissance civile, et les actions de terrain de démontage et sabotage (dites « manif’actions »). “Au plus près des luttes locales, très incarnées, à une échelle où l’on peut gagner des victoires, alors qu’au niveau national, tout est bloqué”.

Pour autant, ils se défendent d’être animés par un désir de violence. Et veulent plutôt exprimer “un refus partagé de laisser des industries rendre la planète inhabitable” (source).

Concrètement, c’est lors d’interludes de 2 à 3 jours (sortes de longues Assemblées Générales) que des centaines de militants décident des quatre batailles locales (une par saison) qui seront menées dans l’année.

On est donc loin du “groupuscule” de radicalisés venus pour tuer des policiers dont parle le Gouvernement.

Plusieurs citations notées dans ce texte sont issues d’un échange avec Gaëlle, proche des Soulèvements de la terre, qui a souhaité conserver l’anonymat.

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