Thermokarsts : le Ragnarök du permafrost

methane permafrost

Les sols gelés de Sibérie fondent et libèrent du méthane : un gaz aux effets dévastateurs pour le réchauffement climatique. 

Le géologue russe Igor Semiletov, de l’Université polytechnique de Tomsk, est à la tête d’un programme de recherche sur le dégel du permafrost sous-marin dans l’océan Arctique. Au mois d’octobre 2020, son équipe internationale de chercheurs venus d’Angleterre, des États-Unis, d’Italie et de Scandinavie, a mis au jour une fuite de méthane d’une force que « personne n’avait jamais encore enregistrée« .

Les thermokarsts, c’est l’accélération dramatique de la fonte de l’Arctique et de la disparition du pergélisol à cause des feux de forêt dans la région, selon une étude de chercheurs de l’université de l’Illinois.

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Un effet de serre 25 fois supérieur au CO²

Dans une interview pour The Telegraph, Semiletov a décrit « un sol bouillant, avec des bulles de méthane« . 

Permafrost, pergélisol, késako ? C’est un mélange de sol, de roches et de sable liés entre eux par de la glace gelée de façon permanente durant plusieurs années. Alors que l’activité humaine fait augmenter les températures mondiales, le pergélisol mondial est en train de fondre, libérant des bactéries et des virus anciens, ainsi que des gaz à effet de serre tels que le dioxyde de carbone et le méthane qui réchauffent davantage la planète.

Problème : le méthane a un impact sur l’effet de serre 25 fois supérieur à celui du CO², sur une période de 100 ans, selon l’Agence américaine de protection de l’environnement.

Fontaines de méthane

Les experts sont de plus en plus préoccupés par les conséquences de la fonte du permafrost, sous-terrain comme sous-marin, qui pourrait accélérer de manière imprévue le réchauffement climatique et le dérèglement des écosystèmes.

Quelques jours après la découverte de l’équipe de Semiletov, le magazine Newsweek publiait des photos de la mer « bouillante » de méthane à l’orée des côtes de Sibérie. 

Puis, c’était au tour de Chris Mooney, reporter pour le Washington Post, de décrire les scènes « étonnantes et dramatiques » d’une région de la Sibérie orientale où « des bâtiments s’affaissent (…) à cause du dégel du sol » et de l’augmentation spectaculaire du niveau des rivières, qui « balayent des quartiers entiers« .

Siberia: The Melting Permafrost | ARTE Documentary

Un impressionnant reportage d’Arte sur ce phénomène, qui en dit long sur l’ampleur de la menace et du déni qui l’entoure.

La plus grande « fontaine de méthane » que l’équipe de chercheurs a dénichée, se situe à l’est de l’île Bennett. Ici, la concentration de méthane dans l’atmosphère est 9 fois supérieure à la moyenne mondiale. Le reportage du Siberian Times est édifiant : on remarque une zone blanche dans l’océan. Un amas de bulles de méthane venues des profondeurs (coupez le son avant de lancer la vidéo, ce n’est pas très agréable). 

Arctic Ocean 'builing with methane bubbles'
 

Pourquoi ces découvertes sont-elles source d’une immense inquiétude au sein des milieux scientifiques ? Tout simplement parce que le méthane est la « bombe à fragmentation » du réchauffement climatique. Un petit topo de chez Arte, une fois de plus, mais quand même plus fun cette fois, parce que c’est David Castello-Lopes (de « Depuis quand… ») qui s’en est chargé. 

Second effet kiss-pas-coll

Plus récemment, des chercheurs sont révélé que la fonte du pergélisol provoquait un second phénomène – jusqu’alors inconnu – ajoutant des rejets de carbone au méthane. Dans une étude publiée en février 2021 dans la revue Nature communications, le chimiste Carsten W. Müller explique : « les bactéries utilisent simplement des minéraux de fer comme source de nourriture. Au fur et à mesure qu’elles se nourrissent, les liaisons qui avaient piégé le carbone sont détruites et il est libéré dans l’atmosphère sous forme de gaz à effet de serre ». 

Concrètement, la quantité de carbone mobilisable par ce mécanisme équivaudrait à 5 % de celui déjà présent dans l’atmosphère, soit l’équivalent de celui de… la Russie ou de l’Inde ! « Nous avons une nouvelle source importante d’émissions de CO2 qui doit être incluse dans les modèles climatiques et examinée de plus près », préviennent les chercheurs. Les scénarios noirs du GIEC se confirment…

 

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