Fondée en 1988 par deux astronomes américains, l’Association internationale Dark Sky ne ferme pas les yeux sur le fléau qui s’abat sur nos nuits : la pollution lumineuse.
Chaque soir en France s’allument quelque 11 millions de points lumineux. Autant dire que la nuit noire est en voie de disparition. En cause ? La pollution lumineuse et les activités humaines. Dans Sauver la nuit, Samuel Challéat, chercheur au CNRS en géographie de l’environnement écrit : » la lumière artificielle que nous utilisons dans nos villes ne se contente pas d’éclairer nos rues. À la vitesse de 300 000 kilomètres par seconde, elle se dérobe et se répand jusque dans le ciel où elle est diffusée par une multitude d’aérosols plus ou moins naturellement présents dans l’atmosphère. Un brouillard de lumière artificielle tombe sur nos villes, nous recouvre d’un voile grisâtre et nous masque la vue du ciel étoilé« . Si la Voie lactée n’est plus visible pour plus d’un tiers de l’humanité, l’association internationale Dark Sky lutte et souffle depuis presque 40 ans sur la chape de plomb qui noircit nos nuits.
Main dans la main pour mieux voir la nuit
Pour protéger le ciel sombre, l’association peut compter sur une large communauté. Ce sont avant tout plus de 2 000 personnes volontaires qui alimentent un mouvement mondial en utilisant leurs spécialités, leurs compétences et leurs passions pour plaider en faveur de la protection du ciel nocturne dans leurs communautés et au-delà. À titre d’exemple, la défenseuse Diane Turnshek a longuement travaillé sur des stratégies à mettre en place dans sa ville de Pittsburgh, en Pennsylvanie, pour faire adopter des ordonnances. « Les choses les plus efficaces que j’ai faites étaient amusantes pour tout le monde. Au lieu de parler aux gens lors des fêtes d’étoiles, j’ai organisé trois galeries d’art spatial. Quand les gens venaient regarder la beauté de l’univers accroché aux murs, je leur remettais des flyers DarkSky. J’ai aussi donné une conférence en portant une jupe éclairée avec 250 LED, fait volé des drones au-dessus de la ville, en prenant des photos… »
Dark Sky, c’est aussi plus de 100 référents implantés dans 30 pays à travers le monde. Les points locaux – ou darksky delegates – sont des points de contact pour d’autres personnes cherchant à s’impliquer ou à en apprendre davantage sur la protection du ciel nocturne. En France, deux référents sont les portes-paroles de l’association : Jean-François Graffand situé près du Pic du Midi de Bigorre et Sujay Patil basé à Paris.
Défendre des ciels étoilés
Pour éviter que l’éclairage grignote la nuit, l’association a plusieurs cordes à son arc. Grâce au programme International Dark Sky Place, elle peut certifier les communautés, les parcs et les zones protégées du monde entier qui préservent et protègent les sites sombres grâce à des politiques d’éclairage responsable. Depuis la première certification de la ville de Flagstaff en Arizona en 2001, Dark Sky a certifié plus de 200 lieux suite à des politiques d’éclairage extérieur et de rénovations significatives. Il y a aujourd’hui plus de 160 000 km carrés de terres et de ciels nocturnes protégés dans 22 pays du monde.
Ajouté à cela, l’association certifie l’éclairage extérieur commercial, industriel et résidentiel qui réduit la pollution lumineuse. Les prérogatives sont les suivantes : limiter la quantité de lumière dirigée vers le haut, éviter l’éblouissement, éviter le sur-éclairage, utiliser la gradation et d’autres commandes d’éclairages appropriées et minimiser la lumière à courte longueur d’onde (bleue) dans l’environnement de nuit.
Par le biais de positions politiques, d’éducation du public, de recherches scientifiques et de partenariats, Dark Sky souhaite également transformer l’éclairage en extérieur. Dans le but de conserver l’énergie, d’éviter les effets nocifs sur la faune et la flore sauvage et de protéger notre ciel nocturne, l’association préconise un éclairage utile, ciblé, de faible niveau, contrôlé et de couleur chaude.