La lutte contre les PFAS avance, mais les victoires sont freinées par le « lobby très puissant de la poêle à frire« .
Pour les experts, les PFAS représentent la crise de pollution la plus importante que l’humanité n’ait jamais eue a affronté. Ces polluants éternels, dont la substance chimique est fabriquée par l’homme, seraient indestructibles. En effet, sa composition, faite de carbone et de fluore, serait une des liaisons les plus stables de la chimie organique permettant une forte résistance à la chaleur, à l’eau et aux graisses. Quoi de plus beau pour industriels.
PFAS partout, santé nulle part
Aujourd’hui, en Europe, près de 17 000 sites sont présumés contaminés. Car jusqu’à maintenant, « la réglementation des produits chimiques en France, en Europe et dans le monde repose sur un principe que l’on appelle l’évaluation des risques. C’est-à-dire que les industriels peuvent mettre des produits sur le marché et c’est seulement s’il y a un problème qu’ils sont retiré », informe Stéphane Horel, journaliste au Monde.
Relâchés dans l’air, les sols, l’eau et les aliments, les PFAS sont partout et surtout, déjà en nous. Deux millions de Français seraient déjà affectés par des pathologies (maladies thyroïdiennes, obésité, problèmes de fertilité et cancers) dues à une exposition aux substances per et polyfluoroalkylées. Le coût annuel des dépenses liées aux PFAS y est chiffré entre 52 et 84 milliards d’euros.
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Une demi-loi face à l’urgence
« Notre environnement a déjà été massivement contaminé par ces substances et ça va être très compliqué de l’éliminer du sol, de l’eau, de l’air, de la faune et des gens. Mais ce qu’on peut faire très rapidement, c’est d’empêcher d’autres substances de sortir », déclarait l’avocat Robert Bilott, connu pour sa lutte contre les PFAS.
À l’instar de certains pays déjà sortis de l’utilisation des PFAS comme le Danemark et la Nouvelle-Zélande, la proposition de loi visant à interdire l’usage des polluants éternels a été adoptée à l’unanimité le 4 avril 2024 en France. Porté par le député écologiste français Nicolas Thierry, le texte voté interdit à l’horizon 2027 l’utilisation de polluants éternels dans l’industrie textile, cosmétique, et la fabrication de skis. En revanche, l’Assemblée nationale a protégé l’industrie des ustensiles de cuisine en attendant que l’Europe légifère.
L’autre grande mesure portée par les écologistes dans cette proposition de loi : la création d’une redevance, payée par les industriels qui émettent des PFAS dans l’eau. À partir de 2026, une réglementation européenne imposera aux états membres d’analyser le taux de PFAS dans l’eau, et donc de dépolluer. Pour Nicolas Thierry, le principe du pollueur-payeur empêcherait les collectivités territoriales d’avoir à dépenser pour cette dépollution.