Il y a plus de six siècles, Ibn Khaldoun, figure emblématique du Maghreb a posé les fondements de la sociologie moderne et développé un certain nombre de concepts économiques et “écologiques”, qui demeurent d’une grande actualité.
Ibn Khaldoun est une figure emblématique de la Tunisie, du Maghreb et de la Méditerranée, largement reconnue pour avoir posé les fondements de la sociologie moderne et développé des concepts économiques pertinents.
Sa pensée économique est intégrée dans son ouvrage “Muqaddima,” écrit en 1377, où il explore les dimensions sociologiques, économiques et politiques des sociétés.
Homo-oeconomicus
Ibn Khaldoun considère l’homme comme un être sociable par nature, et le travail en communauté est essentiel pour répondre à ses besoins. Il préconise un échange équitable, démontrant ainsi une vision “homo-oeconomicus” où les sociétés prospèrent grâce à la production, la consommation et l’échange.
Dans son livre Muqaddima (L’Introduction), environ un tiers du texte est dédié aux questions économiques, incluant le contrôle des marchés, la monnaie, l’impôt, le commerce, les prix et la circulation des marchandises. Il énonce les prémices de la division du travail, reliant la valeur économique d’un bien à la quantité de travail qu’il implique.
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Penseur de l’État providence
Ibn Khaldoun met l’accent sur l’utilité du commerce qui crée de la valeur en étalant l’utilisation des produits dans le temps et en les rendant disponibles géographiquement. Il considère également le rôle essentiel de l’État dans la régulation de l’économie en évitant l’intervention excessive, qui peut entraîner une décadence et des difficultés financières pour la population.
Inventeur de l’écologie ?
Certes, il est difficile de qualifier Ibn Khaldoun d’écologiste. Mais, certaines de ses idées et observations peuvent être considérées comme précurseures des concepts écologiques.
Dans son œuvre Muqaddima, Ibn Khaldoun a abordé des sujets tels que la relation entre l’environnement et les sociétés humaines, l’influence du climat sur les cultures et l’importance des ressources naturelles pour le développement des civilisations. Il a également étudié les cycles de prospérité et de déclin des sociétés en lien avec leur interaction avec l’environnement.
Il a aussi souligné l’impact des facteurs géographiques et environnementaux sur le développement des populations, notamment les conséquences de la sécheresse, des famines et des épidémies. Enfin, l’économiste arabe a observé comment certaines pratiques agricoles et l’utilisation non durable des ressources naturelles pouvaient entraîner la dégradation des terres.
Dans ces sens, on pourrait considérer Ibn Khaldoun comme précurseur de l’écologie politique. En tout cas, sa pensée économique est novatrice et en avance sur son temps, ce qui lui vaut des éloges de la part d’intellectuels occidentaux depuis le XVIIe siècle. Cependant, il n’a pas toujours reçu la reconnaissance souhaitée dans le monde arabe.
Pour en savoir plus sur l’héritage d’Ibn Khaldoun, on vous recommande le podcast de cette émission de France Culture qui lui est consacrée.