Je me suis demandé si les marques présentes à la fashion week Paris 2022 allaient s’emparer de la question écologique. Et je n’ai pas été déçu par ma petite enquête !
Ça partait d’un bon sentiment : l’envie de montrer que la mode pouvait changer, s’adapter aux enjeux écologiques et s’engager pour les causes du zéro déchet, de la slow fashion et du durable.
Mais non. Même le site web de la fashion week est une aberration écologique ! Il pollue plus que 93 % des sites-web du moooonde (selon le site calculateur websitecarbon.com). Ah, vanité des vanités !
1,3 %
J’ai passé en revue les pages des 225 maisons représentées à cette fashion week 2022 de Paris. J’en ai encore les yeux desséchés !
Pour chaque marque, j’ai effectué une recherche rapide autour des mots clés « ecology », « nature », « planet ».
Résultat : seules 3 maisons, je dis bien 3 sur 225 (soit 1,3 %) incluent ces mots dans leur présentation.
Je me suis aussi penché sur d’autres marques, afin de vous dresser un échantillon des meilleures tentatives de greenwashing dans l’univers de la mode contemporaine.
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Fashion footage de gueule
Plusieurs créateurs détournent l’imagerie « naturaliste » pour donner une impression d’engagement écologique.
Exemple : Chloé, qui se la joue indigène (cf photo). La marque a pondu un rapport d’impact environnemental avec d’étonnants objectifs, comme « travailler sur diverses initiatives dans l’ensemble de l’organisation [pour] réduire nos émissions mondiales de gaz à effet de serre conformément à notre objectif de 25 % de réduction par produit d’ici 2025« . Merci Chloé, on est sauvés !
D’autres vont encore plus loin dans le foutage de gueule.
Laissez-moi vous présenter la marque Reese Cooper, qui se la joue carrément Extinction Rébellion (cf photo), et veut inspirer les jeunes urbains créatifs tout en protégeant la planète. Vive le storytelling !
Au passage, si vous êtes apiculteur, sachez qu’en lavant votre combinaison avec des chaussettes qui déteignent, vous pourrez porter un ersatz d’ensemble Kenzo. Mais je m’égare…
Soutenabilité à oualpé
En la matière, le pompon revient clairement à Stella McCartney, avec cette vidéo new-age sur le thème de la « soutenabilité » – sortie il y a 5 ans déjà – où des mannequins font des bisous à des chevaux, se roulent nues dans l’herbe, et font leur lessive dans la vase ! Je rêve de connaître le tarif de ce machin…
En mode perché, je vous recommande aussi la visite du site de la marque Walter Van Beirendonck, qui revendique s’inspirer de la nature.
Dernière petite pique, à destination de la marque chinoise Ziggy Chen, qui promet de « revisiter sans compromis les règles de l’industrialisation« . Après 11 longues minutes de recherche sur leur site, je n’ai toujours pas saisi le sens de cette affirmation…
Woke VS climate
En revanche, on sent clairement que l’esprit woke est très présent dans la com’ de ces maisons. Les mots « respect » ou « equality » revenant très régulièrement.
Des marques comme Alyx ont même rédigé des « codes éthiques » prônant l’humanité dans la gestion des ressources humaines. Les gens, ils découvrent l’existence du droit du travail et ça leur semble tellement révolutionnaire qu’ils en font un argument marketing.
Enfin, la manif pour tous appréciera les nombreux hommes qui défileront en jupes à plis.
Nous sommes clairement dans une mise en concurrence des revendications : #Blacklivesmatters VS #ClimateChange… C’est ainsi que fonctionne le marketing de l’ère des réseaux sociaux qui divisent la société en silos de tendances et d’opinions.
Face à ce phénomène, il serait grand temps de faire du slogan « fin du monde, fin du mois, même combat » la clé de voûte des mobilisations à venir !