Créer une cuillère en bois, une première étape seulement pour prendre en main votre santé, mais aussi fortifier votre esprit et votre cœur, sur le chemin escarpé de l’effondrement.
« On est en train d’inventer la voiture “autonome”, alors faire une cuillère en bois, il est malade, lui ? Et encore, à la main, qui plus est ! Un malade mental… ».
L’aventure pourrait s’arrêter là. Mais un esprit de résistance m’habite, aucune raillerie ne m’empêchera de transmettre ces quelques gestes d’autonomie véritable.
De la philosophie de la cuillère en bois
Faire (savoir faire) une cuillère va paraître anodin et anecdotique à la plupart des lecteurs-trices… Nous sommes au XXIe siècle, à l’heure des téléphones polyvalents et de la surenchère technologique qui veut « tout faire à notre place », au prétexte de nous libérer de ce qui serait des corvées.
Désolé de casser l’ambiance, mais le résultat est tout autre, et les dépendances créées par ces technologies rapprochent nombre de concitoyens d’une forme de servilité inquiétante, principalement chez les jeunes générations.
Dans ce contexte, réaliser une cuillère en bois toute simple reprend tout son sens.
La cuillère en bois est un bel objet, esthétique et fonctionnel. Elle se fait en peu de temps et peut répondre à de nombreux besoins à la maison, où, aux côtés des spatules, elle reste omniprésente. Elle est tout aussi précieuse dans les bois lorsque l’on part en randonnée longue durée, avec le souci d’une certaine autonomie.
La petite histoire
L’étymologie du mot « cuillère » nous ramène à nos origines et nous en dit beaucoup sur sa genèse, qui sans cela resterait obscure, faute d’éléments archéologiques probants.
La toute première cuillère n’a pas été inventée, elle a simplement été adoptée.
Cuillère vient du latin cochlearium, lui-même provenant du grec kokhlé (κοχλι), mots désignant une coquille. Or, la biodiversité nous offre un large panel d’espèces à petites et grandes valves creuses et concaves, ressemblant comme deux gouttes d’eau au cuilleron de la cuillère (sa partie creuse).
Par exemple, une coquille de moule (d’autant que la moule fut longtemps aussi abondante en eau douce qu’en eau salée). Elle y est même plus grande, encore plus commode pour en faire un instrument culinaire et gastronomique.
Ma première cuillère
Le plus simple pour l’apprenti boisselier, c’est de profiter d’un bois dont la forme s’approche de celle de l’objet à réaliser, puis d’en façonner le manche et le cuilleron, soit au couteau droit, soit, plus facilement, au couteau croche, qui est profilé pour évider les parties à creuser.
En effet, rappelons que si l’on peut réaliser une cuillère avec un seul couteau, de type couteau de poche, le recours à d’autres outils facilite le travail : hachette, scie fine, gouges, etc.
La discipline est avant tout placée sous le signe de l’imagination et de la créativité, les deux étant simplement bridées par la fonctionnalité de l’objet fini, qui doit être respectée. Ainsi, on ne fera pas de la même manière une louche, une cuillère à service ou une petite cuillère à dessert.
Passons maintenant à la pratique avec le tutoriel suivant, réalisé avec un authentique fabriquant de cuillères en bois, Nicolas Raynaud…
Pour aller plus loin :
Des stages de fabrication de cuillères en bois avec Nicolas Raynaud, La Trace du geste
L’ouvrage Le Bois, l’outil, le geste, de Bernard Bertrand, paru aux Éditions Terran le 5 juillet 2021 – 144 pages
La boutique de Terran magazines(couteaux, couteaux croches, livres)