Venu des tropiques, le modèle des jardins-forêts suscite un engouement croissant dans la société civile en Europe. À contre-courant de l’agriculture productiviste, elle incite à des pratiques allant dans le sens du vivant.
À l’image d’une forêt naturelle, cette technique d’agroforesterie consiste à maximiser les espèces comestibles en les disposant par strates. Tout en haut de la canopée, on retrouve de grands arbres nourriciers, au second étage des arbres moyens puis des arbustes et des plantes au sol. Sous les tropiques, cette technique est utilisée par des familles depuis des milliers d’années à des fins d’autonomie alimentaire. Ce n’est que très récemment qu’elle s’est frayée un chemin sous nos latitudes, en vue de répondre aux adaptations qu’impose le changement climatique. En effet, sans convoquer ni engrais ni produits chimiques, le jardin-forêt permet de stocker le carbone, protéger et nourrir la vie des sols, retenir l’eau et attirer une riche biodiversité.
Débat dans les bois
Le manque de recul et d’études sur ce sujet fait débat au sein de la communauté des jardiniers – forestiers et des scientifiques. Quelles espèces et variétés privilégier face aux risques d’espèces invasives ? Sur ces questions, Antoine Talin de l’organisation Les Alvéoles, préconise des espèces « de climat continental sec, d’Iran ou d’Afghanistan, qui résistent à des températures extrêmes, comme le jujubier, le mûrier blanc ou le grenadier ». Le chercheur Emmnanuel Torquebiau recommande tout de même de rester prudent : « Faire venir des espèces de régions proches, c’est un changement progressif, presque naturel. Au-delà, c’est risqué. »
Face au déclin depuis 200 ans de la diversité dans nos assiettes, la multitude d’espèces comestibles des jardins-forêt pourrait bien être la solution. Si le modèle séduit les citoyen.es, les agriculteurs sont-ils prêts à délaisser l’agriculture industrielle au profit du temps long ?