Déni climatique et distorsion cognitive : les climatosceptiques auraient plus besoin d’un psy que du GIEC

climatosceptiques paranoiaques

Le climatoscepticisme serait lié à des distorsions cognitives et des traits de paranoïa. Le reconnaître permettrait d’imaginer des stratégies plus constructives pour renouer le dialogue avec les négationnistes ou rassuristes du changement climatique.

Vous avez peut-être vu passer ces articles sur le “déferlement de haine” des climatosceptiques contre les scientifiques, notamment sur Twitter. Il est évident que de tels comportements ne sont pas rationnels. Et qu’ils évoquent un lien entre climatoscepticisme et troubles psychologiques.

Les climatosceptiques remettent en question la réalité du changement climatique, malgré la multiplication des preuves scientifiques. Cette attitude, assez irrationnelle, a des origines psychologiques. Des experts (comme Stephan Lewandowsky, ou John Cook fondateur de Skeptical Science) suggèrent que le climatoscepticisme pourrait être lié à des distorsions cognitives, voire à traits de paranoïa (ce qui est plus contestable).

Distorsions cognitives

Définies par le psychiatre Aaron Beck en 1960, comme des modes de pensée habituels qui s’avèrent souvent inexacts et biaisés (biais cognitifs), ces distorsions se développent généralement en réponse à des événements désagréables. Il s’agit d’un mécanisme de défense face à des événements ou informations “indésirables” (source).

Ces distorsions influencent la façon dont certains individus perçoivent les informations et les preuves scientifiques.

Pour en venir aux climatosceptiques, ces derniers remettent en question la crédibilité des scientifiques et des institutions qui parlent du changement climatique. Stephan Lewandowsky, parle à leur sujet de “motivated reasoning” : les individus adoptent des croyances pour ne pas affronter une réalité qui viendrait ébranler leur cohérence mentale.

Ainsi, ils s’accrochent au climatoscepticisme en utilisant des “biais de confirmation” (tendance à privilégier les informations confirmant ses croyances) et des “projections” (attribution de ses propres motivations à autrui).

Les climatosceptiques ont en commun une peur du changement, une méfiance envers les élites et une croyance en la capacité de l’individu à contrôler son propre destin.

Le climatoscepticisme comme forme de désinformation” , Claire Wardle

Autrement dit, à la manière de certains paranoïaques, ils définissent le monde à partir de fantasmes qu’ils prennent pour la réalité. Pour autant, on ne va pas parler ici de “délire” psychotique : nous avons tous des certitudes dont on ne démordra pas.

Et, comme tout le monde, les climatosceptiques vivent la contradiction des scientifiques comme une humiliation, voire une persécution. C’est pourquoi ils vouent une haine au GIEC et aux scientifiques en général – ce qui explique le déferlement de violence verbale sur des réseaux comme Twitter.

Pour confirmer le “cocon douillet” de leurs croyances, ils affirment que le GIEC est biaisé, manipulé et développent une méfiance injustifiée, jusqu’à percevoir des conspirations cachées.

Mieux qu’une énième conférence scientifique : une thérapie de psychologie cognitive ?

Pour débloquer des biais cognitifs développés par certains climatosceptiques, la psychologie cognitive peut apporter des réponses.

Les chercheurs ont identifié des liens entre la négation du changement climatique et certaines caractéristiques psychologiques. Une étude menée par Sander van der Linden, de l’Université de Cambridge, a révélé que les individus les plus enclins au climatoscepticisme avaient tendance à dépendre davantage de leurs croyances préexistantes. Ces résultats renforcent l’idée que les croyances climatosceptiques pourraient découler de la façon dont les individus traitent l’information plutôt que d’une compréhension objective des données scientifiques.

C’est ainsi que la psychologue clinicienne et paléo-artiste Emily Willoughby a développé une méthode pour construire un dialogue empathique avec les climatosceptiques qui s’intéresse, avant tout, à leurs croyances, plutôt qu’à mettre en avant des preuves extérieures.

Certes, les facteurs psychologiques ne sont qu’une partie du tableau complexe du climatoscepticisme. Mais ce point de vue permettrait de développer une approche plus constructive, et de renouer le dialogue avec les climatosceptiques, en appelant à la compréhension mutuelle, plutôt qu’en leur envoyant des piques condescendantes sur les réseaux sociaux.

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