Un air de méfiance envers la climatisation

Les climatiseurs, ces technologies utiles vouées à s’accroître avec la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur à venir, sont un maillon de l’accroissement du réchauffement climatique. Dès lors, il convient de les utiliser de façon éclairée et parcimonieuse, sous peine de contribuer à aggraver le problème.

Pour faire simple, un climatiseur est un système qui prélève de la chaleur dans une zone pour la rejeter dans une autre zone (souvent l’extérieur). Afin de réaliser ce transfert, l’appareil consomme de l’électricité. Un bilan énergétique sur ce système montre que la quantité de chaleur rejetée est égale à la somme de la chaleur prélevée et de l’électricité consommée (voir figure ci-dessous).

 

Principe de fonctionnement d’un climatiseur. Nolwenn Le Pierrès
L’enjeu premier lié à l’explosion du nombre de climatiseurs est donc l’augmentation de l’électricité consommée par ces appareils. Et cette quantité d’énergie déployée n’est pas anecdotique : aux États-Unis, la puissance électrique liée au rafraîchissement représente plus du quart de la consommation électrique totale du pays en période chaude. En France, les consommations électriques estivales augmentent également régulièrement, en lien notamment avec ce besoin de froid.

En France, une des conséquences de cette consommation électrique – liée au mode de production – est l’utilisation d’énergies fossiles par les centrales pour couvrir le besoin. Leur combustion entraîne alors le rejet de gaz à effet de serre (GES) : en 2017, ces émissions de GES liées à la production de l’énergie électrique nécessaire au fonctionnement des installations de froid représentaient 4,9 % des émissions mondiales de GES. Des émissions qui contribuent à leur tour au réchauffement… et au besoin de clim.

À lire : Canicule en ville : 5 bonnes idées à susurrer à votre Maire et 5 mauvaises à oublier

Le serpent qui se mord la queue

Localement, l’utilisation des climatiseurs a une influence sur la hausse des températures extérieures. Déjà pénalisés par l’effet d’îlot de chaleur, les milieux urbains restent les plus sensibles à ce phénomène. Résultat : la quantité de chaleur supplémentaire vient s’ajouter au bilan énergétique du territoire. Dans les zones fortement équipées en climatiseurs, on observe déjà des augmentations de température de l’ordre de 0,5 °C, liées à ces rejets. Ce qui appelle à plus de climatisation pour combattre l’îlot de chaleur renforcé. Un cycle sans fin donc.

Il est aussi pertinent de préciser que l’efficacité des climatiseurs diminue au fur et à mesure que l’écart de température entre l’intérieur (à climatiser) et l’extérieur augmente. Dans le cas de conditions climatiques plus chaudes, les climatiseurs sont moins efficaces (leur Coefficient de Performance – ou COP – diminue) et donc consomment plus d’électricité et rejettent encore plus de chaleur à l’extérieur, continuant à alimenter le cercle vicieux esquissé précédemment.

Double peine avec les rejets de fluides frigorigènes

Le fonctionnement de ces machines est permis par l’utilisation d’un fluide, appelé fluide frigorigène ou réfrigérant, qui circule dans le climatiseur et vient prélever la chaleur d’une zone pour la rejeter ailleurs. Idéalement, celui-ci circule en boucle dans le système et n’affecte donc pas l’environnement.

Dans les faits, deux phénomènes peuvent entraîner des rejets de ces fluides vers l’extérieur :

  • Très légères, mais jamais absolument évitées, des fuites s’accumulent sur toute la durée de vie du système. Elles restent plus importantes dans le cas des climatiseurs de véhicules que pour des climatiseurs fixes du bâtiment, en raison des vibrations auxquelles est soumis le système dans les véhicules.
  • La fin de vie du système, qui si elle est mal gérée, peut entraîner le rejet du fluide dans l’environnement. Il est indispensable que le démontage de ces systèmes soit pris en main par des professionnels formés qui peuvent récupérer le fluide pour un traitement adapté.

Or, les fluides frigorigènes sont eux-mêmes des GES relativement puissants (par exemple, le réfrigérant R32, l’un des réfrigérants les plus employés actuellement, présente un pouvoir de réchauffement climatique 675 fois supérieur au CO₂).

Ces émissions sont en croissance et viennent se rajouter aux émissions indirectes liées à la consommation électrique évoquée plus haut. Différentes réglementations internationales ou à des échelles plus réduites, imposent l’utilisation de fluides frigorigènes de moins en moins impactants, mais le fluide idéal n’existe pas et des recherches sont encore nécessaires pour améliorer ces technologie.

Zeen is a next generation WordPress theme. It’s powerful, beautifully designed and comes with everything you need to engage your visitors and increase conversions.

Top Reviews