Dans « Pour une écologie pirate », la politologue Fatima Ouassak raconte l’histoire de Verdragon, la première Maison d’écologie populaire en France qu’elle a cofondée dans un quartier populaire de Bagnolet (93) avec Alternatiba. Cette maison propose des activités accessibles aux populations des quartiers populaires et en particulier aux enfants. Selon Ouassak, l’écologie pirate doit se concentrer sur la question de la liberté et de la Terre et prendre en compte les besoins des quartiers populaires.
Fatima Ouassak, est la fondatrice du Front de mères, un syndicat de parents d’élèves de quartier populaire. Dans « Pour une écologie pirate : Et nous serons libres« , son deuxième livre, elle dessine une stratégie et un projet politique écologiste pour et par les quartiers populaires, contre le « système colonial-capitaliste ».
Elle met également les enfants au cœur de sa réflexion, s’attelant à « penser pour, avec et à partir des enfants ». Le livre reprend de nombreux acquis des « écologies décoloniales » qui commencent à faire leur place à l’intersection des luttes écologistes et antiracistes.
Fatima Ouassak parle depuis son « territoire », sa terre à elle – les quartiers populaires des banlieues métropolitaines – et l’expérience de l’immigration post-coloniale. Elle observe la difficulté des quartiers populaires à s’organiser sur les questions écologiques et l’incapacité du mouvement climat à dépasser une vision coloniale des quartiers populaires. Elle émet l’hypothèse d’un « désancrage » des habitant.es des quartiers populaires à leur « terre », désancrage lié à l’expérience de l’immigration mais surtout aux politiques coloniales auxquelles ils/elles font face au quotidien.
Fatima Ouassak insiste aussi sur le caractère improductif des comportements les plus stigmatisés des habitants des quartiers populaires, que cela soit la sâlât (les cinq prières par jour en Islam) ou le fait de « traîner dehors avec ses amis, sans rien faire d’utile ». Ces pratiques jugées improductives du point de vue du système colonial-capitaliste n’en sont pas moins de celles qui peuvent permettre de « réanchanter les lieux de vie », c’est-à-dire de se sentir pleinement chez soi, habitant.e de sa terre.
Fatima Ouassak estime qu’une écologie pensée depuis les quartiers populaires se veut moins une protection de la nature qu’une libération, une « libération avec elle [la terre] ».
PS : on vous recommande aussi la visite du Laboratoire d’écologie pirate. Un site qui n’a rien à voir avec le livre de Fatima Ouassak – quoique – mais apporte énormément de sources d’inspiration !