Les semis manifestation du miracle de la vie
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Les semis, manifestation du miracle de la vie

Philippe Pellan, pépiniériste et paysagiste de formation, nous indique comment réussir ses semis à coup sûr.

Semer, c’est aussi l’occasion d’observer le miracle de la vie se déployer devant nos yeux. Le plus gros des diamants ou la plus grosse des pépites d’or n’est rien en comparaison des vies en devenir que constitue une seule graine. Rendez-vous compte : un pépin de pomme peut donner un arbre qui vivra jusqu’à 100 ans et donnera jusqu’à 50.000 pommes !

Ce geste simple d’une main ouverte laissant échapper ces concentrés de vie est à la source d’incroyables jardins et d’innombrables joies partagées. Alors, n’attendons plus pour retrouver notre souveraineté alimentaire, semons l’avenir…

Les semis à l’abri

Bien souvent, la culture des tomates, des aubergines ou d’autres plantes d’origine tropicale nécessite de réaliser les semis assez tôt au printemps et dans un espace protégé et chauffé.

Semer dans la maison
Chauffée à une température comprise entre 18 et 20°C, la maison est parfaite pour accueillir les plantes nécessitant des semis précoces. L’idéal est de poser vos contenants sur une table située au-dessus d’un radiateur et devant les fenêtres exposées au sud.

Semer en serre et en véranda
Les vérandas et les serres procurent un éclairement bien supérieur à celui des maisons : un atout pour les semis, qui risquent moins de s’étioler. Quand elles sont chauffées, les vérandas et les serres sont parfaites pour les plantes exigeantes en chaleur, l’idéal étant d’avoir une véranda ou une serre bioclimatique, qui conservera la chaleur provenant du soleil et sera donc moins énergivore. Une aération ainsi que la pose de voilages légers sont indispensables pour protéger les semis pendant les journées fortement ensoleillées.

Réalisation d’un semis en caissette [fig. 1]
Une caissette en polystyrène (récupérée chez un poissonnier, par exemple) est parfaite pour réaliser un semis sans débourser un centime. De plus, elle offre une isolation et dispose d’une grande surface de semis. Il suffit juste de percer le fond pour permettre à l’eau en excès de s’évacuer. Une fois que vous l’avez bien nettoyée, épandez au fond une couche de 2cm d’épaisseur de gravier non calcaire.

> 1 Ensuite, remplissez-la avec du terreau de compost très mûr
> 2, tamisé finement et ne comportant pas de graines. Arrêtez le remplissage à 1cm du bord et nivelez pour obtenir une surface bien plane. Ensuite, tassez le substrat avec une planchette, puis répartissez soigneusement les graines en utilisant, pour les plus fines, un semoir.
> 3 À l’aide d’un tamis, saupoudrez votre semis avec un mélange de sable siliceux, de terreau et de charbon de bois finement broyé, de manière à couvrir les graines en les faisant juste disparaître
> 4 (ce type de mélange empêchera l’apparition de champignons tels que la fonte des semis).
Avec la planchette > 5, tassez de nouveau le semis de façon que les graines soient bien en contact avec le substrat, puis arrosez avec un petit pulvérisateur pour ne pas déplacer les graines ou utilisez un arrosoir avec pomme très fine dirigée vers le haut.

Avec un crayon spécial semis (encre qui tient à l’arrosage), notez sur des étiquettes les noms des espèces et de variétés ainsi que la date. Placez ensuite la caissette dans une serre de semis à la température ambiante adéquate. Surveillez le substrat et arrosez afin de maintenir suffisamment d’humidité pour la germination des graines.

Semis en caissette
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Repiquage des plants en godets [fig. 2] Lorsque les deux vraies premières feuilles > 6 apparaissent dans la caissette, c’est le moment de repiquer les jeunes plantules dans un godet et de les placer à l’abri dans une serre ou un châssis de culture jusqu’au repiquage définitif. Cette phase permet aux plants de s’acclimater à l’environnement extérieur en étant exposés peu à peu au plein soleil et à une ventilation plus prononcée.

Maintenez un arrosage journalier et une température au-dessus de 10°C la nuit pour ne pas bloquer leur développement.

Plantule prête à repiquer
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Fabriquer ses godets

Les godets peuvent être fabriqués à partir de rouleaux en carton recyclés (papier toilette, essuie-tout…) ou en utilisant le Pot Maker, qui est un outil destiné à réaliser des godets en papier recyclé. Il existe aussi des godets en fibres de bois naturelles. Évitez d’acheter des godets en tourbe, car l’exploitation des tourbières n’est pas respectueuse de l’environnement. De même pour les godets en plastique, qui sont issus de l’industrie pétrolière.

Les semis en pépinière

Cette technique concerne les plantes qui nécessitent un repiquage avant leur mise en place définitive. On l’emploie surtout pour les espèces rustiques semées en septembre. La pépinière est un endroit bien abrité du jardin, où il est bon de prévoir la possibilité d’installer un châssis ou un tunnel en plastique.

Les châssis
Le châssis est composé d’un cadre en bois de 40cm de haut que vous pouvez réaliser en utilisant du bois recyclé. Il est couvert d’une vitre qui peut être une ancienne fenêtre récupérée. Le bois isole du froid et la vitre assure une grande luminosité. En cas de nuit froide, couvrez le châssis d’une couverture ou de paille.

Ce coffre sans fond posé à même la terre pourra accueillir les plantes en godets et les semis précoces de plantes rustiques telles que les laitues de printemps, les poireaux ou les choux. Lorsque les plantes sont suffisamment développées (quatre vraies feuilles), pensez à ouvrir les vitres en journée afin de les acclimater à l’ambiance extérieure.

Repiquage en pleine terre [fig. 3] Lorsque les jeunes plants ont bien raciné et que les racines remplissent le godet, c’est le moment de les repiquer en pleine terre. > 7

Les semis en place

C’est la technique la plus simple et la plus efficace, car elle évite le stress lié au repiquage. Elle est à réserver aux plantes rustiques.

Les faux semis
Quel jardinier ne s’est pas senti découragé face à un semis envahi par des herbes indésirables ? Les herbes sauvages germent vite et occupent rapidement la moindre parcelle de terrain laissée à nu. De même, plus le sol est remué, plus ces adventices1 prolifèrent. Avec la méthode du faux semis, cette particularité peut être utilisée comme limitation au développement des herbes.

Le faux semis a pour objectif de limiter le développement d’herbes spontanées dans le jardin.

Cette technique est très pratique pour les semis directs de légumes particulièrement longs à lever (carotte, poireaux, oignons…). Il consiste à laisser lever les graines de plantes sauvages présentes dans le sol et à éliminer les plantules qui en sont issues, afin de donner la possibilité à notre semis de se développer aisément et sans concurrence.

Réalisation d’un faux semis

Ameublissez le sol sans le retourner en utilisant une grelinette2 ou un croc (en sol argileux, choisissez un jour où la terre est bien ressuyée, mais pas trop sèche, afin d’éviter de faire de trop grosses mottes). Puis, affinez la terre de surface, sur une profondeur de 5cm maximum (pas plus, car vous risqueriez de remonter de nombreuses graines en dormance).

Arrosez la parcelle, puis recouvrez-la avec une bâche opaque afin de provoquer la germination des graines d’adventices. Celles-ci vont commencer à se développer, mais disparaîtront grâce à la bâche, qui les privera de lumière. Trois semaines de couverture suffisent pour se débarrasser des annuelles ; en revanche, pour les plantes vivaces, cela pourra demander plusieurs mois. Ensuite, enlevez la bâche, retirez les herbes sèches et semez rapidement vos carottes ou toute autre culture longue à germer.

Repiquage et semis en pleine terre
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Le semis en ligne [fig. 3] Placez un cordeau > 8 pour matérialiser l’emplacement du semis.
Avec une serfouette, creusez un sillon > 9 le long du cordeau (de 0,5 à 5cm de profondeur en fonction de la grosseur des graines).
Semez à la main ou au semoir, puis recouvrez avec les graines d’une épaisseur de terre trois fois égale au diamètre de celles-ci.
Tassez, puis arrosez délicatement avec un arrosoir muni d’une pomme.

Le semis à la volée
Ce type de semis est à réserver aux rangs larges – prairies, cultures de céréales et d’engrais vert -. Le but est d’obtenir une végétation distribuée de façon homogène en répartissant régulièrement les graines sur toute la surface. C’est pourquoi il est conseillé de réaliser deux passages perpendiculaires, afin d’assurer une parfaite homogénéité.

Une fois le semis effectué, passez la griffe légèrement en surface, puis tassez au rouleau. Arrosez en pluie fine. Pour un semis d’espèces en mélange, mêlez au préalable les graines, selon leur grosseur, à du sable non calcaire, afin de conserver une bonne homogénéité lors de la levée.

Certaines graines comme le persil et les capucines nécessitent d’être mise à tremper pour faciliter la germination.

Le semis en poquet [fig. 3] Il est plutôt utilisé pour les grosses graines et consiste à en grouper deux à trois dans un même trou. > 10

Après la levée, il suffit de conserver la plantule la plus vigoureuse. Certaines grosses graines à enveloppe dure nécessitent qu’on les gratte afin de ramollir les téguments et, ainsi, d’accélérer leur germination. Frottez-les légèrement sur du papier de verre.

Le semis de graines en ruban
Il s’agit de graines disposées entre deux couches très fines de fibres biodégradables. De cette manière, elles sont exactement à la bonne densité, ce qui empêche le surdosage de graines. Le ruban est déposé au fond du sillon, puis recouvert d’une fine couche de terre.

Astuces pour éviter les maladies des semis

Des champignons microscopiques tels que la fonte des semis peuvent attaquer les graines et les jeunes plantules. Les symptômes se manifestent à la base des tiges, qui deviennent filiformes. N’employez pas de terreau déjà utilisé, restreignez les arrosages, ne semez pas trop serré et aérez en cas de condensation.
Éliminez immédiatement les bacs ou les godets contaminés pour stopper la maladie.

Le semis d’arbres

Le vieil adage « Pourquoi faire compliqué quand on peut faire simple ? » prend toute sa signification quand on multiplie les arbres par semis.

Stratification des semences
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La stratification des semences [fig. 4] La plupart des espèces fruitières requièrent des conditions particulières pour que la germination des graines soit réussie. Voici comment procéder :
Remplissez à moitié une cagette d’un mélange à proportion égale de sable siliceux et de compost de feuilles de chêne > 11 (il contient des tanins qui aident à la germination).
Disposez les noyaux à plat sur le substrat > 12, recouvrez-les de 7cm de mélange
> 13 et arrosez.

Placez ensuite la cagette dans un endroit froid du jardin, par exemple au pied d’un mur exposé au nord, afin d’exposer les noyaux à la vernalisation (période de froid nécessaire pour provoquer la germination). La fin de l’hiver sera la période pour exposer les cagettes de stratification au soleil afin de provoquer la germination.

La plantation [fig. 5] Lorsque les noyaux ont germé dans la cagette, il est temps de les mettre en terre à leur emplacement définitif.
Munissez-vous d’une barre à mine pour créer le trou en forme de carotte > 14 destiné à recevoir le noyau en germination.
Remplissez le trou avec un mélange à proportion égale de bonne terre tamisée et de compost. > 15
Posez ensuite le noyau en germination à la surface du substrat > 16, avec sa racine tournée vers le bas, puis recouvrez-le de 5cm de mélange.
Il est recommandé d’installer un grillage de protection > 17 contre les prédateurs tels que les rongeurs et autres herbivores.

Plantation
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1 Une adventice désigne, pour les jardiniers, une plante qui pousse dans un endroit où on ne souhaite pas la voir se développer.
2 La grelinette est une sorte de fourche-bêche qui permet d’ameublir la terre sans la retourner et ainsi de préserver l’écosystème du sol.

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