La nécessité de changer de mode de vie et la perspective d’un effondrement de notre système de santé, conduisent à accélérer le combat pour le droit à l’euthanasie.
Entre acharnement thérapeutique et quasi-abandon des mourants dans des unités EHPAD ou des unités soins palliatifs, le système de santé moderne a perdu son éthique de la mort.
Mal mourir
Il ne fait pas bon mourir en France.
Ce n’est plus la mort qui nous effraie, mais le « mal mourir » et la souffrance.
Oui, on meurt mal en France. L’étude Mort à l’Hôpital de 2008 montre que 7 décès sur 10 se déroulent dans des conditions inacceptables !
En 2013, l’écologiste Sandrine Rousseau a raconté le suicide de sa mère qui « savait que l’on n’abrégerait pas ses souffrances » et a volontairement provoqué une overdose de médicaments.
L’élue a souhaité que « l’agonie de sa mère serve à faire avancer le débat » alors qu’elle risquait une mise en accusation pour non-assistance à personne en danger pour le simple fait d’avouer avoir assisté à ce suicide.
Voilà pourquoi on estime que le nombre d’euthanasies clandestines ne cesse d’augmenter.
La « sédation en phase terminale » imposée par la loi n’a rien d’une mort sans douleur. Elle peut même s’accompagner d’une agonie douloureuse qui peut durer 8 jours.
De plus, la formation médicale est exclusivement centrée sur le curatif. Le palliatif est pratiquement absent de la formation initiale des médecins. Pire : en France, seul 1 EHPAD sur 10 dispose d’une infirmière de nuit ! Ainsi, on retrouve les personnes décédées au petit matin.
Enfin, il n’existe aucun véritable cadre légal pour la rédaction des directives anticipées permettant d’éviter un acharnement thérapeutique. Tout le monde les écrit dans son coin, sans sécurité juridique ni dépôt chez un officier d’État civil.
Conséquence : « les citoyens expriment une angoisse de mourir dans des conditions inacceptables en étant dépossédés de toute autonomie » (source).
Le saviez-vous ? Selon une enquête des experts de la CNAMTS, les remboursements du dernier mois d’une vie correspondent à 10 % des dépenses annuelles de l’assurance maladie, soit près de 8 milliards d’euros par an.
Mais, au-delà de cet aspect éthique, la légalisation de l’euthanasie est aussi un enjeu écologique.
Euthanasie et écologie
Celui qui pose la question avec le plus d’objectivité, c’est encore Jean-Marc Jancovici. Il affirme, dans Socialter que « dans les pays occidentaux, il y a un premier moyen de réguler la population de façon raisonnablement indolore : ne pas mettre tout en œuvre pour faire survivre les personnes âgées malades, à l’image du système anglais qui ne pratique, par exemple, plus de greffe d’organes pour des personnes de plus de 65 ou 70 ans. On en revient à ce que disait Georgescu-Roegen : tous les moyens qu’on va dépenser pour faire vivre de vieilles personnes dans de très mauvaises conditions, c’est autant de moyens que vous ne mettez pas à disposition des jeunes pour trouver leur place dans un monde plus contraint. »
Alors que faire ?
La députée écologiste Véronique Massonneau a plusieurs fois proposé de légaliser l’euthanasie pour les personnes souffrant d’affections grave et incurables, de souffrances physiques et/ou psychiques insupportables, et en cas de demande volontaire et répétée.
En vain.
L’État préfère laisser mourir plutôt que faire mourir. Pourquoi ? Parce que « l’aide active à mourir » est majoritairement rejetée par les médecins qui craignent des procès pénaux en cas de désaccord au sein des familles.
Pourtant, les Pays-Bas, la Belgique et le Luxembourg ont légalisé l’euthanasie sans que cela n’ait produit de tels effets. Il est donc temps que la France adapte sa législation !