Quand il s’agit de définir un concept, mieux vaut se tourner vers ses créateurs. C’est ce que nous allons faire avec celui de « collapsologie ».
La première occurrence de ce terme date de 2015. On ne le trouve dans le Le Petit Robert qu’en 2020.
Le terme a été conçu par Pablo Servigne et Raphaël Stevens et définit dans leur essai « Comment tout peut s’effondrer », comme l’étude de l’effondrement possible de notre civilisation industrielle.
Plus précisément, la collapsologie tente de dresser une grande cartographie des menaces d’effondrement de la civilisation thermo-industrielle.
Un travail de synthèse faisant appel à l’écologie, l’économie, l’anthropologie, la sociologie, la géopolitique, la démographie, la statistique, l’histoire et la psychologie. Dans ce sens, on peut la comparer à la futurologie.
Aux origines de la collapsologie
Avant que l’on ne parle de collapsologie, d’autres penseurs, comme Joseph Tainter, Oswald Spengler, Arnold Toynbee, ou encore Jared Diamond, ont parlé de « collapse » des civilisations.
Mais l’innovation apportée par Servigne et Stevens est la vision systémique du collapse, ainsi que leur travail sur sa probabilité d’advenir qui croît avec la continuation du modèle « thermo-industriel ».
Autre apport de leur analyse : celle du mécanisme du déni chez l’humain, qui explique pourquoi les lanceurs l’alerte ne sont pas écoutés et que leurs solutions sont si difficiles à accepter pour la population.
La collapsologie fait peur
Si les collapso font « peur », c’est qu’ils posent l’idée qu’il serait trop tard pour éviter l’effondrement et qu’il ne nous reste plus qu’à engager une forme d’adaptation radicale afin de ne réduire le choc de l’effondrement.
Beaucoup qualifient cette analyse de fantasme catastrophiste. Pablo Servigne a lui-même confié que le terme d’effondrement « résonne plus fort dans nos têtes que ce qu’il imaginait ». L’idée n’est pas que tout s’écroule tout d’un coup : mais que tout s’effrite, se délite, jusqu’à constater une chute importante de notre niveau de vie. Cette évolution progressive mais réelle et impactante est est assez bien démontrée par les travaux de l’Institut Momentum, notamment.
La collapsologie, une science ?
Certes, la collapsologie n’est pas une science : c’est un courant de pensée, une théorie, qui invoque les disciplines scientifiques, qui synthétise des décennies de travaux de recherche scientifique qui, eux, accumulent les preuves que le système thermo-industriel est voué à s’effondrer. Parmi eux, on trouve notamment le fameux rapport Meadows. Et tous ces indicateurs scientifiques (climat, biologie, santé, économie…) sont dans le rouge.
Mais, alors que ces études sont toutes enfermées dans leur spécialité, la collapsologie tente de les connecter pour démontrer que le système thermo-industriel est incapable d’affronter les pénuries et la crise climatique à venir.
En bref : la collapsologie est une théorie des théories, avec les forces et les faiblesses de ce genre d’exercice !