Face à la sécheresse, le gouvernement Mexicain tente de contrôler la pluie à coups de milliards

ensemencement nuages

Face à une sécheresse sans précédent, le Mexique utilise une technique de géo-ingénierie controversée pour ensemencer les nuages et faire tomber la pluie.

En juillet 2023, face à une vague de chaleur historique et à une sécheresse sans précédent au Mexique, le gouvernement a lancé un projet d’ensemencement de nuages pour augmenter les précipitations et lutter contre les effets dévastateurs de la sécheresse. Cette pratique de géoingénierie consiste à disperser des produits chimiques, tels que l’iodure d’argent, dans l’atmosphère pour favoriser la formation de précipitations. Bien que cette technique soit utilisée depuis près de 80 ans, son efficacité et ses conséquences suscitent des préoccupations au sein de la communauté scientifique.

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Ensemencement des nuages

Le projet d’ensemencement des nuages a été mis en œuvre en juin 2021 dans plusieurs États mexicains, et les premières conclusions du ministère de l’Agriculture et du Développement rural affirment son succès. Les taux d’efficacité ont été évalués à 98 %, avec des précipitations enregistrées dans la plupart des vols effectués et un excédent de précipitations dépassant 40 % par rapport aux prévisions météorologiques. De plus, cette technique aurait contribué à augmenter la couverture végétale et à éteindre les incendies de forêt.

Cependant, la communauté scientifique reste prudente quant aux avantages réels de la géoingénierie. Les physiciens des nuages Fernando García García et Guillermo Montero Martínez de l’Université nationale autonome du Mexique soulignent qu’il n’existe aucune preuve concluante de l’augmentation des précipitations à grande échelle ni de certitude quant aux effets au-delà des zones ciblées (lire ici leur étude, en anglais).

L’ensemencement : une ancienne technologie militaire

L’histoire de l’ensemencement des nuages remonte à 1946, lorsque des scientifiques américains ont commencé à mener des expériences. Depuis les années 2000, cette technique s’est répandue dans le monde entier, avec près de 50 pays l’utilisant, notamment pour lutter contre la grêle en Europe ou augmenter la quantité de neige en Chine.

Cependant, les effets de cette pratique peuvent être difficiles à contrôler et entraîner des conséquences négatives telles que des chutes de grêle ou de neige, nuisibles pour les cultures. De plus, certains produits chimiques utilisés, comme l’iodure d’argent, peuvent être toxiques pour les humains et les animaux.

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Un choix préoccupant

L’ONU a exprimé des préoccupations similaires, mettant en garde contre les effets négatifs et l’effet de diversion que peut avoir la géoingénierie dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les physiciens Fernando García García et Guillermo Montero Martínez insistent sur le fait que l’ensemencement des nuages ne devrait être qu’une partie d’une stratégie intégrée de gestion des ressources en eau, et que des solutions plus abordables et bénéfiques, telles que l’amélioration des systèmes d’irrigation et d’approvisionnement en eau, devraient être privilégiées.

Malgré ces préoccupations, le gouvernement mexicain continue à investir des millions dans l’ensemencement de nuages et d’autres solutions coûteuses, comme les usines de dessalement. Cette approche soulève des questions quant à la durabilité et à l’efficacité à long terme de ces mesures face aux défis climatiques croissants.

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