“Le COVID-19 était bien plus qu’un simple virus”, Yvan Beck.

masque covid écologique

Au printemps 2020, le docteur Yvan Beck, Président de Planète-Vie* a rédigé une tribune nous incitant à prendre du recul face à la pandémie et aux crises à venir.

La conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP26) qui devait se tenir à Glasgow en novembre a été reportée en raison de COVID-19. Cette décision a été prise par le Bureau de la COP de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), avec le Royaume-Uni et ses partenaires italiens.

Les dates de la prochaine conférence, reprogrammée en 2021 et toujours accueillie à Glasgow par le Royaume-Uni en partenariat avec l’Italie, seront fixées « en temps utile » après de nouvelles discussions avec les parties. En temps utile… l’expression laisse songeur.

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Bien plus qu’un simple virus

En résumé, les menaces fondamentales – le changement climatique et la 6e extinction de masse qui, dans quelques décennies, risquent de balayer trois quarts de la population mondiale ainsi qu’un nombre incalculable d’espèces animales et végétales – passent à la trappe pour gérer une pandémie qui condamnera à terme quelques dizaines de milliers de personnes.

Une pandémie qui trouve pourtant son origine dans les mêmes dysfonctionnements que ceux liés directement ou indirectement à la crise climatique et à l’effondrement de la biodiversité. Une pandémie qui aurait pu être évitée si nous nous étions attaqués à la racine des problèmes après la Conférence des Nations Unies sur l’Environnement de Stockholm (CNUD) en 1972.

Chaque mort que nous pleurons devrait nous rappeler aujourd’hui notre inconséquence d’hier. Quand nos gouvernants comprendront-ils enfin que nous n’avons pas à choisir entre la peste et le choléra ? L’une et l’autre portent le chaos et ses solutions.

S’épuiser à traiter les symptômes d’un mal en ignorant ce qui l’a provoqué met en place les causes et conditions des crises futures qui ne feront que s’aggraver et s’accélérer.

Les comportements de la presse et du monde politique, totalement « phagocytés » et déstabilisés par un virus dont l’origine et la pathogénicité nous échappent encore, génèrent plus de questions et de confusions qu’ils n’apportent de solution. Pire encore, la communication autour du virus a créé un climat de peur sans précédent qui affecte et égare les esprits. Les gens ne savent plus qui, et que croire.

Les questions fusent de toute part. La presse joue-t-elle son rôle d’information ? Garde-t-elle son indépendance ? Les journalistes restent-ils neutres dans ce qu’ils transmettent ou s’approprient-ils une partie des informations pour les délivrer entachées de leurs propres considérations ? Le monde politique sera-t-il capable de tirer les leçons de la crise ? Va-t-il vraiment s’en inspirer pour organiser un monde solidaire ? Enfin, et sans entrer dans des théories complotistes, à qui profite la déstabilisation mondiale présente, voire future si rien ne change ?

Que ces questions soient légitimes ou non, peu importe. Elles sont là. Il faut y répondre. Pour cela, il appartient à chacun de rester vigilant. De voir tout ce qui se passe. De ne pas juger, se limitant à ses concepts et son expérience. De ne pas s’égarer. De discerner, le vrai du faux, l’authentique du fabriqué. De poser les bons choix, ensemble. Le travail de toute une génération à laquelle le COVID adresse ses messages.

Revenir à l’essentiel

Les neurosciences ont démontré que le cerveau a une qualité exceptionnelle, sa plasticité. Non seulement « ce que nous pensons » a une action directe sur le développement des zones cérébrales sollicitées, mais nos pensées elles-mêmes ont un impact sur leur mise en action et donc, les actes qui s’en suivent. En d’autres termes, ce que nous pensons transforme le monde dans lequel nous vivons.

Nous sommes ce que nous pensons, tout ce que nous sommes s’élève avec nos pensées, c’est avec nos pensées que nous créons le monde. Qui parle ou agit avec une pensée pure, le bonheur s’attache à ses pas comme l’ombre qui jamais ne le quitte…

Ces phrases, tirées du Dhammapada, sont une source d’inspiration pour les méditants depuis des siècles. La méditation n’est pas une « mode » ou une activité ésotérique réservée à quelques illuminés. C’est un outil de transformation de l’esprit et du monde. Un outil séculaire, qui a fait ses preuves, démontrées aujourd’hui par la science.

La terre épuisée est proche de l’effondrement. Le choix du confinement imposé aux populations par leurs gouvernants lui accorde le répit dont elle a tant besoin. Mais elle offre aussi une coupure à l’homme pour lui permettre de réfléchir. Car cette période de calme extérieure n’aura d’impact à long terme que s’il rétablit en lui-même un climat de paix intérieure. Du confinement des sociétés humaines, aux « retraites » que proposent les traditions spirituelles pour faciliter le travail sur soi, il n’y a qu’un pas.

Un pas intéressant à franchir si nous voulons sortir de cette crise. La méditation nous ramène à qui nous sommes, tout en restant présents et ouverts au monde. Elle rétablit les liens entre le tout et la partie, la terre dans son ensemble et chacun de ses occupants. Elle développe trois qualités – l’attention, la vigilance et la détente – qui, travaillant en interdépendance à des niveaux subtils, éveillent la sagesse et la compassion présentes en chacun de nous. Sagesse et compassion sont le socle sur lequel ériger le monde auquel nous aspirons tous.

Du changement individuel au changement collectif, tout est possible. Changer le monde est possible. Remplacer la croissance par des économies circulaires, le commerce sauvage et son cortège d’hérésies – énergétiques, sociales et environnementales – par un développement raisonné et local est possible. Remplacer la compétition à outrance par la coopération et la solidarité est possible. Promouvoir les valeurs que nous redécouvrons aujourd’hui – la famille, l’attention à l’autre, le respect de la Nature, l’amour, la bienveillance… -, nous donner du temps et de l’espace pour les vivre pleinement n’est pas un bond en arrière. C’est réapprendre à vivre. C’est possible.

De la dépendance à l’interdépendance

Le COVID nous montre qu’en quelques semaines, plus de la moitié de l’humanité – près de 4 milliards de personnes réparties dans tous les continents – fut mise au vert pour arrêter la pandémie. Pour combattre un virus qui n’est somme toute qu’une manifestation modeste des bouleversements systémiques que nous devrons affronter demain, si nous n’enclenchons pas une transformation en profondeur de nos sociétés au sortir de cette crise. Nous n’avons pas le choix.

Quelle que soit la complexité du monde dans lequel nous vivons, nous avons démontré que la mondialisation en tant que telle – et non la façon névrotique dont nous la vivions jusqu’ici – n’est pas un frein, mais un lien qui (ré)unit les citoyens du monde. La terre est une, et multiple. Le monde de demain ne sera pas « moins », mais « plus ».

Nous – humains, animaux, végétaux, terre, eau et ciel – sommes cocréateurs d’une réalité pleine de sens.

Un sens qui a abandonné une espèce, notre espèce, depuis quelques décennies. Un bon sens qui a échappé à des rêveurs ou des fous qui croient qu’une croissance illimitée est possible dans un espace limité. Un sens du commun renié par des égoïstes qui devraient redevenir pragmatiques et « sagement égoïstes », en prenant conscience de ce que notre bonheur tout comme notre malheur sont liés à ceux des autres, et à ceux de la planète dans sa globalité.

La crise actuelle n’est ni fatale ni inéluctable. Elle est une étape à franchir – pour et par – l’humanité entière. Notre univers est apparu il y a 15 milliards d’années. La terre, il y a 4,5 milliards d’années. Il a fallu attendre 3,5 à 3,8 milliards d’années pour qu’y apparaissent les premiers signes de vie. Les Australopithèques firent leur apparition il y a 4 millions d’années, nos ancêtres hominidés il y a 750.000 ans, l’homo sapiens sapiens il y a 200.000 ans…

L’évolution se caractérise par une très longue période de gestation, puis de dépendance du vivant et de l’homme à leur planète. Il s’ensuivit quelques centaines d’années d’indépendance, durant lesquelles l’homme s’est comporté comme un adolescent gâté et irresponsable qui saccage son lieu de vie.

Aujourd’hui, la terre et l’homme abordent une ère nouvelle : celle de l’interdépendance. Une interdépendance où l’homme, mûri par ses expériences, est invité à réintégrer sa place au sein du processus qui lui a donné naissance.

Yvan Beck

* Planète vie est une association qui favorise une meilleure analyse des rapports entre l’humain et le monde vivant.

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